Audience / Public

 

Chacun sait très bien qu’un public capable de faire la moitié du Louvre en deux heures n’est plus un public – il est à l’art ce que le sondage d’opinion est à la politique.

 

Un public adopte, s’approprie l’œuvre (qui l’« exapproprie » en retour – c’est à dire le trans-forme), se nourrit de sa critique, tandis que l’audience adapte la disponibilité de nos cerveaux, use de notre attention pour la consommation, et nous dégrade en profils, tranches, cibles et masses. Il n’est pas de public qui ne soit critique, et il n’est pas de critique sans attention profonde, celle précisément qui est liquidée par les stratégies d’audimat cherchant à augmenter la disponibilité des cerveaux pour la publicité. C’est au regard de l’échec du public télévisuel (il faudrait dire de l’audience), que nous sommes de plus en plus nombreux à réfléchir à la question du public numérique.