association internationale pour une politique industrielle des technologies de l'esprit
- Séance du 20 septembre 2014
Economie contributive et nouvelles formes de production industrielle
La notion de contribution implique autant des bouleversements dans la conception de l’économie que dans les organisations à l’œuvre pour la faire exister.
Voir la présentation de l’économie de la contribution dans le vocabulaire d’Ars industrialis : www.arsindustrialis.org
Celle-ci crée des ruptures autant qu’elle compose avec les réalités existantes.
Cette séance sera consacrée à appréhender l’organisation à venir dans la production industrielle, à l’époque des technologies numériques et de l’impression 3D.
S’il s’agit d’une réorganisation de la production, quels en sont les effets ?
Hommes et machines, techniques et savoirs, sont à nouveau frais interrogés dans cette révolution.
Quelles sont les forces en présence ? Que peut le corps productif ?
Qu’y produit-on ? Quelle(s) valeur(s) cela génère-t-il ? Quelle en est la mesurabilité ?
Quelles relations peut-on envisager entre contribution et rétribution ?
Les solutions ne pourraient être que collectives et solidaires, territoriales et réticulées, et encore partagées, dans la perspective de la création du bien commun, et du bien vivre. Confer les politiques en Equateur, et la conférence de Bernard Stiegler et Michel Bauwens sur la transition économique au Centre Pompidou le 16 septembre à 18h00 : http://arsindustrialis.org/pour-la-transition-une-économie-du-partage-de-la-connaissance-et-des-biens-communs
Ceci relèverait d’une organologie générale dans le sens où la réorganisation consiste à repenser l’ensemble de l’appareillage afin de le réajuster. Mais elle demande une distinction attentive et une véritable culture politique pour en fabriquer avec discernement une « pharmacologie positive ».
C.T
Avec l’intervention de Olivier Landau, membre du Conseil d’Administration d’Ars industrialis, ancien Directeur Anticipation et Stratégie à Sofrecom filiale du Groupe Orange
« Après la dématérialisation des supports, puis la virtualisation des échanges et des transactions proposées par Web2.0, l’impression 3D finalise-t-elle un véritable écosystème d’une société numérique ?
Facilitées par les outils Internet et web, nous pouvons constater des continuités au niveau de l’entreprise, des évolutions « naturelles », en particulier, un glissement de fonctions et de tâches vers les clients. Par contre, ces mêmes évolutions provoquent des ruptures sociales profondes tant pour l’emploi que pour la vie quotidienne des citoyens.
Les modèles ultra libéraux qui dominent depuis les années 70, laissent désarmés la plupart des acteurs sociaux et politiques face à cette révolution numérique.
Et pourtant c’est aujourd’hui que s’opèrent les choix d’organisations sociales de la production et plus largement de la société post-numérique.
Bien évidemment, nous ne pouvons actuellement que formuler des questions, mais c’est une étape incontournable pour élaborer des propositions. »
! Remerciements à l’équipe du théâtre des Bernardines pour l’accueil de cette séance.
Archive non disponible
- Séance du 31 octobre 2014
Repenser et actualiser les rapports entre art et industrie
L’industrie culturelle, terminologie aujourd’hui dérivée en industrie créative, est devenue la forme dominante ou hégémonique de la production et diffusion des biens culturels. Même si l’on ne doit pas ignorer les postures qui persistent dans le champ de l’art, et sont même ce qui le font consister et exister : par les singularités que cela constitue, mais qui ont bien du mal à subsister.
Une et même des critique(s) des industries culturelles ont été développées par de nombreux intellectuels européens et américains. Dont la pensée d’Adorno remarquait une « désartification » au profit d’un élargissement de la sphère culturelle. Ce questionnement est à nouveau urgent dans le déploiement des technologies numériques à échelle hyperindustrielle, et elle nécessite plus qu’une critique : des propositions radicales et réalistes. Pour une « réartification », ou une réorganisation fondée sur l’art, en tant qu’ars, et peut-être comme « ars industrialis » ou savoir-faire industriel.
Il est donc nécessaire de repenser et requalifier l’art, sa conception, son évaluation. Ce qui signifie alors repenser aussi l’industrie, ses modes de production et d’organisation, à partir de gestes inventifs, et pour cela non automatisés.
« La fonction de l’artiste est capitalement celle d’un inventeur » écrivait Jean Dubuffet dans « L’homme du commun à l’ouvrage » (Gallimard, 1973) en poursuivant : « Mais le caractère propre d’un art inventé est ne pas ressembler à l’art en usage, et par conséquent (…) de ne pas sembler être de l’art. »
Et si encore, selon Dubuffet, « la main parle », ce à quoi elle œuvre, elle le fabrique alors aussi symboliquement, et spirituellement.
Cette contribution consiste à envisager les prémisses d’une conception renouvelée de l’art et du geste artistique, de son sens, social, symbolique, etc.., dans une dimension organologique, c’est-à-dire complexe et si possible complète.
Ceci pourra se faire par l’observation et l’analyse des pratiques et des organisations à l’œuvre dans le cadre des mutations actuelles des conditions de la création et de l’invention en art, à l’époque des technologies numériques.
En vue de concevoir et réaliser une nouvelle organologie.
Et, écrit Bernard Stiegler dans son article « Ars et inventions organologiques dans les sociétés de l’hypercontrôle » (à paraître) : « L’art a à jouer un rôle insigne dans l’invention en matière organologique en général ». Il poursuit : « au sens où celle-ci est toujours d’une manière ou d’une autre organologique, c’est à dire : consiste toujours à inventer techniquement ou technologiquement, et non seulement artistiquement. »
En préparation de la séance, à lire sur le site d’Art press, l’article de Franck Cormerais
Entre « sculpture sociale » et design des existences, la poétique du numérique :
Interventions de :
Colette Tron, critique, directrice d’Alphabetville, Marseille
Thomas Ricordeau et Anne-Catherine Céard, enseignants en design graphique, Lycée St -Exupéry, Marseille
Collectif Réso-Nance, artistes et créateurs du fablab Lieu de Fabrication Ouverte, Friche Belle de Mai, Marseille
Franck Cormerais, philosophe, enseignant en Information et Communication à l’Université de Bordeaux 3 (par skype)
Remerciements à l’A.M.I pour l’accueil de cette séance
Archive non disponible
- 16 et 17 décembre
A l’occasion de la venue de Bernard Stiegler à Aix-en-Provence et Marseille, ses conférences remplacent la séance de décembre
- Vers un art de l’hypercontrôle
Le 16 décembre à 18h30 à la Cité du Livre à Aix-en-Provence
Proposé par Alphabetville, l’Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence, Ars industrialis en partenariat avec la Cité du Livre/ Ville d’Aix-en-Provence
Bernard Stiegler développe l’idée que nous sommes entrés dans l’époque de l’hypercontrôle, rendue possible par les technologies numériques, les systèmes de big data, de traces et autres automatismes, omniprésents dans les développements et applications technologiques « hyperindustriels ». Dispositifs qui nous suivent autant qu’ils nous guident dans nos comportements, et qui constituent selon lui un processus de désintégration sociale.
Selon un fil historique et conceptuel, nous serons amenés à comprendre les éléments du contrôle et de la surveillance : tels qu’ils ont été pensés et utilisés depuis William Burroughs, l’écrivain américain chez qui Gilles Deleuze avait trouvé la récurrence du terme de contrôle, et à partir duquel il conceptualisa la formule de « société de contrôle », cela en passant par les écrits de Foucault et sa description des dispositifs de surveillance. Bernard Stiegler décrira les « sociétés de l’hypercontrôle » et l’automatisation généralisée, tout en posant le défi d’un « art de l’hypercontrôle » comme thérapeutique, ou « pharmacologie positive ».
Cette conférence se situe en ouverture d’un programme de recherche théorique et pédagogique à venir sous la direction de Bernard Stiegler, avec Alphabetville et l’ESA Aix-en-Provence.
Informations : http://www.alphabetville.org/rubrique.php3?id_rubrique=46
Lieu
Amphithéâtre de la Verrière
Cité du Livre
8/10, rue des Allumettes
13098 Aix-en-Provence
- La désintégration
Le 17 décembre à 18h30 au Théâtre du Merlan, scène nationale de Marseille
Organisé par Planète Emergences avec Ars industrialis dans le cadre du festival Marseille retrouve le nord
« Nous entrons dans l’âge des sociétés automatiques basées en particulier sur le développement des réseaux sociaux et de ce que l’on appelle à présent les big data. Les techniques de profilage utilisateur, mises en œuvre par exemple par Amazon, se combinent avec les « effets de réseau » qu’exploite le social engineering, avec l’interactivité qui fait que les moteurs de recherche de plus en plus souvent nous prennent de vitesse et nous mène là où ne voulions pas aller, et avec le calcul intensif sur les données massives qui instillent en « temps lumière » des phénomènes mimétiques à l’échelle planétaires, tout en prétendant «prédire » tous les comportements par les statistiques probabilistes et se substituer à la décision consciente et délibérée – publique aussi bien que privée. (…)
Cette conférence, qui décrira cet état de fait, a pour but de donner une autre perspective sur les réseaux, capable de constituer un nouvel état de droit à l’époque de l’écriture numérique réticulaire et de l’automatisation généralisée, qui sera aussi l’époque de la fin de l’emploi. »
Bernard Stiegler
Suivie d’une table ronde avec :
Franck Cormerais, philosophe, enseignant en Information et Communication à l’Université de Bordeaux 3, membre du C.A d’Ars industrialis ; Patrick Braouezec,président de la communauté d’agglomération Plaine Commune ; Colette Tron, critique, directrice artistique d’Alphabetville/Friche Belle de Mai, membre du C.A d’Ars industrialis ; Christian Rey, directeur du technopôle Marseille - Château Gombert et de Marseille Innovation
Présentée par Gérard Paquet, fondateur de Planète Emergences
Lieu
Théâtre du Merlan, scène nationale de Marseille
Avenue Raimu
13014 Marseille
Conférences en ligne sur le site d’Ars industrialis :http://www.arsindustrialis.org/conférences-de-bernard-stiegler-à-aix-en-provence-et-marseille
- Séance du 14 mars 2015
Économie de la contribution et perspectives fiscales
« Le contributeur n’est ni le consommateur, ni le contribuable, ni le codonateur. »
Extrait de la définition de l’économie de la contribution dans le vocabulaire d’Ars industrialis
L’économie de la contribution induit de ciseler différemment les relations sociales - comprenant la part de l’activité de travail - et les rapports économiques, cela dans un réagencement organologique et avec les effets de bouleversement de l’appareil productif tel que cela avait été évoqué lors de la séance « Économie de la contribution et nouvelles formes de production industrielle » avec Olivier Landau.
L’économie contributive fait donc aussi apparaître une nouvelle figure : celle du contributeur, entendu comme force sociale et économique. Cette citation induit que si ce dernier enrichit la société ou la collectivité par son investissement, sa participation devrait s’apparenter à des formes alternatives à celles des fiscalités existantes, telles les taxes, impôts, et autres financements et dons, qu’ils soient capitalisés ou mutualisés.
Une fois encore, il faut inventer des organisations permettant une circulation et une redistribution qui garantissent une stabilité commune. Tout en prenant en considération les externalités non monétaires du ou des contributeur(s), et dont il faut se demander si la valeur peut ou doit prendre part à cette comptabilité.
Cette séance sera consacrée aux perspectives fiscales- concernant les personnes, groupes, communautés, collectivités, entreprises - qui pourraient être celles de l’économie contributive.
Elle se déclinera à travers quelques exemples et expériences d’hier et d’aujourd’hui, et impliqueront commentaires et discussion afin de penser demain.
Et nous reviendrons notamment sur le rapport Colin et Collin sur la fiscalité de l’économie numérique.
CT
Avec les interventions de Emmanuel Vergès, directeur de l’Office, agence d’ingénierie culturelle et de Arnauld de l’Epine, économiste et banquier, trésorier d’Ars industrialis (par skype).
Discussion animée par Colette Tron
Remerciements au Point de bascule pour l’accueil de cette séance
Video de la séance :
1.1/2 http://www.dailymotion.com/video/x2y6eq2_1-1-2-ars-industrialis-paca_webcam
1.2/2 https://vimeo.com/133880440
- séance du 4 avril 2015
Valeur : de la crise au partage
Avec Michel Bauwens
Dans un contexte réel(lement) difficile et avec le constat fait par Bernard Stiegler d’une déséconomie ou d’une économie destructrice, produite par le capitalisme financiarisé, les engagements dans toute activité sociale, artistique, intellectuelle, ouverte, critique, innovante, sont marqués et fragilisés par les dégâts de la logique comptable (dépenses et recettes) : quantitatif et qualitatif ne sont plus équivalents, et prévalent les évaluations chiffrées. Et les « externalités positives » sont très peu prises en considération. Excluant aussi des processus qui se développent à long terme et qui sont des investissements (= valeur des biens durables. Cf wikipedia définition d’investissement), et que la puissance publique devrait représenter et accompagner. Elle-même hélas prise dans un abyme ! Des formes alternatives et des propositions concrètes d’organisation mais aussi de production et de circulation de valeur semblent émerger, consistant à resituer la valeur, ou réinjecter et renouveler de la valeur, ou encore intégrer des modèles de valeur dont l’équation avec le prix ou la monétarisation n’est plus le seul critère. Et d’ailleurs cela peut-être « par-dessus le marché » et ses valuations (voir J. Derrida, De la vérité en peinture, Flammarion, 1978, ce chapitre et paragraphes précédents au sujet de la mesure/démesure, et de l’évaluation esthétique/mathématique).
A la suite de la séance d’Ars industrialis « Valeur, prix, travail » du 21 mars dernier : http://www.arsindustrialis.org/valeur-prix-travail, et après et avec les réflexions de Paul Jorion, cette séance entendra approcher - comme d’ailleurs proposé par l’économie de la contribution - quelques façons de repenser théories et pratiques de la valeur, à partir d’une intervention de Michel Bauwens, et de ce qui se développe notamment par les systèmes de pair à pair et l’économie des communs.
Michel Bauwens est le créateur de la fondation Peer-to-Peer. Il est aussi un activiste et penseur de l’économie collaborative et du bien commun.
« La démocratisation de la valeur sera le grand chantier du XXI° siècle », écrit-il.
Il vient de publier avec Jean Lievens aux éditions Les liens qui libèrent : « Sauver le monde, vers une société post-capitaliste avec le peer-to-peer », préfacé par Bernard Stiegler
Accès au site : http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Sauver_le_monde-9791020901835-1-1-0-1.html
C.T
Avec l’intervention de Michel Bauwens, la séance sera animée par Colette Tron et Claude Paraponaris, enseignant en économie et gestion au laboratoire d’économie et de sociologie du travail de l’Université Aix-Marseille II, et en liaison skype avec Arnauld de Lepine, membre du conseil d’administration d’Ars industrialis.
Remerciements à l’A.M.I pour l’accueil de cette séance.
Vidéos de la séance :
2.1/2 http://dai.ly/x2y6taz
2.2/2 http://dai.ly/x2y7c97