Petite annonce pour un sous-groupe de travail sur les cultures de soi

Publié par gcollins le 18 Mai, 2010 - 16:56
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Petite annonce pour un sous-groupe de travail sur les cultures de soi

 

Ce que je vous propose s’origine dans ma photo préférée de Michel Foucault. On le voit au Japon, dans l’entrebâillement d’une porte de ryokan, en kimono. Il est beau comme un dieu. Alors je voudrais réunir un petit groupe de personnes pour revisiter la figure du samouraï, telle que cette figure nous parvient dans l’une ou l’autre des industries culturelles qui l’ont depuis longtemps exploitée. Y-a-t-il matière à avancer dans la question des cultures de soi en passant par le Japon, le moins étranger des pays étrangers, et par leur équivalent du cowboy, du gentleman, du Caballero, du mousquetaire, en passant donc par la voie du samouraï ?


Quelques personnes seulement, pour visionner des films, lire des romans, de la poésie, des blogs et des essais portant sur cette figure, de manière à pouvoir se rendre compte des recherches dans des interventions orales et écrites. Nous devrions nous réunir une fois tous les deux mois, mais l’effectivité du travail passe ici par des communications plus soutenues, en utilisant l’espace alloué par ArsIndustrialis pour de prise et la déprise de soi.

 

On devrait commencer par remémorer le film « Harold et Maud » pour ce qui est de la méthode de recherche. Harold se demande ce qui pourrait se trancher de son corps sans compromettre son essence d’homme. De même, nous devons nous poser la question de ce qui reste de la voie du samouraï une fois retiré son sabre et son bla-bla zen. Y-a-t-il quelque chose, quelque rémanence, du samouraï dans la production culturelle occidentale ? Dans Kill Bill 2, par exemple. Ou Le Dernier Samouraï. (Attention : Il y a deux Dernier Samouraï, au moins.) Ou Ghost Dog de Jim Jarmusch. Ou dans la cuisine ou couché sur le toit chez Banana Yoshimoto.

 

Je pense qu’il convient de distinguer, par rapport à cette invitation, entre les postures couchées, horizontales, et les postures debout, verticales. Je souhaiterais commencer couché, c’est-à-dire décontracté et cool et pluraliste et curieux de tout ce qui vient. Je pense qu’un premier rendez-vous devrait se passer dans un parc public parisien, et être suivi par un repas de midi dans un restaurant japonais. Pour mettre en commun une collection hétéroclite d’impressions et de souvenirs de lectures, de films, et peut-être de pratiques d’arts martiaux. « Couché » signifie ici la mise en parenthèses des enjeux théoriques et pratiques, dans un mimésis ironique et complice de ce qui se passe en famille ou entre amis de manière non spectaculaire. Autrement dit, je souhaiterais commencer dans une posture qui à terme mettrait fin au groupe de travail, faute de travail. Faute, autrement, de rapports verticaux. De rapports aux phénomènes de maîtrise, de domination, et de discipline imposée.

 

Je ne vois personne au monde à même d’assumer une position de maîtrise pour nous sauver de nos habitudes de bulleurs et de couches-tôt. Je vois en revanche la possibilité d’une décision d’existence qui consiste à poser la désirabilité d’une vie noétique, d’une vie d’aspiration et de sublimation, sans personne pour contrôler tout cela, sinon soi-même connecté à d’autres soi-même en période de gestation. Je pense que le maître dans cette affaire de voie du Samouraï devrait être ce que Kenzaburo Oé appelle, dans son autobiographie fictive, un lieu fondamental. C’est le lieu qui dicte les conditions d’excellence et de cheminement pour le samouraï que je vise. Chaque fois qu’il y a du samouraï, il y a un lieu : un village à sauver, un garçon à élever, une vie à justifier. Pas de voie du samouraï, sauf des voies de pacotilles, sans un lieu de pratique.

 

Autre condition de possibilité pour une relève de la rémanence samouraï, c’est une réflexion difficile, fatale sans doute, tournant autour de la notion, et l’opportunité, d’une thérapie collective, autrement dit, tournant autour de ce que Freud a raté, et que nous avons remis en selle, de manière inchoative. Une thérapie collective se droit d’avoir des concepts, et des principes. Le lieu fondamental fait partie de ces concepts. Et il y a, aussi, le complexe de Kanji. Comme je l’ai annoncé, le seul maître à bord sera pour nous tous quelqu’un qui débarque et qui est radicalement inconnu : la langue Japonaise. « Kanji » à l’oral, c’est la gamme de significations allant du sentiment à l’émotion, en passant par la sensation. Seul l’écrit permet, provisoirement, de séparer et de préciser le sens dans les multiples occurrences de ce flux. « Kanji » est cette partie de la langue écrite empruntée aux chinois, et qui éprouve et désespère tous ceux qui se proposent de les apprendre. On les appelle des caractères. Et le complexe de Kanji établit qu’il faut avoir du caractère si on veut maîtriser les pulsions et donner forme d’art à sa vie. Sentiments et sensations sont matières malléables dans tout ce à quoi touchera ce groupe de travail : l’instruction, l’habitude, l’étude se passent toujours et nécessairement trait par trait, caractère par caractère, avec des moments et des chutes d’abattement et de désespoir car rien dans cette « langue la plus difficile du monde » ne se donne sans effort. Le complexe marque aussi le caractère « passif » des Japonais, leur côté grégaire, incapable de s’écarter des chemins balisés d’avance. A lire certains auteurs, la réussite d’une vie absolument singulière ne serait pas à la portée d’un Japonais. (Hidetaka Ishida est sensible à la provocation et la bêtise de ce lieu-commun occidentale) Et enfin, « Kanji » est le prénom de Kanji Watanabe dans le film de Kurosawa, Ikiru, qui définit pour nous les conditions d’une relève de l’esprit samouraï dans nos contextes méta-industriels. Sans sabre peut-être, mais avec un chapeau et un lapin jouet comme objets transitionnels, et un lieu fondamental à construire avant de mourir.

 

Il manque à cette petite annonce une bibliographie, mais ceux et celles qu’elle intéresseront sauront faire un premier pas du côté des sources.
 

G. Collins

Le dernier samurai: livre culte

Désolé de mettre cette annonce en position de commentaire (bien que cela ne me gène pas finalement).  La lecture du livre de Helen DeWitt, "Le dernier samurai" se poursuit, j'espère, entre autres activités que j'ignore. 

Il y a un lieu pour les commentaires de cette lecture, à part ce blog ou celui d'autres membres d'AI, c'est le site "Conversational Reading" animé par Scott Esposito.  Il y a un groupe de lecture du roman de Helen De Witt qui vient de démarrer.  Je vous invite à y participer, ne serait-ce qu'en mode copier/coller.

Il me semble que vos commentaires peuvent, vu le sujet du livre, se faire en français, mais, toujours eu égard au livre, il serait peut-être loisible de les faire en langue anglaise, (ou, encore mieux, en grec ancien, en finlandais, ou en japonais -- les lecteurs du roman comprendront cette liste de langues possibles). 

Il n'y a pas de lecture sans écriture qui l'accompagne.  Je dois à Bernard Stiegler le choque originel de cette prédication disciplinaire et exigeante.  Il a raison.  Une pratique de soi, c'est une pratique de lecture qui passe par de l'écriture, avant de retourner aux pages lues, pour ensuite continuer entre lecture et écriture.

Je vois une série de soucis, de thèmes, de leitmotifs, dans ce roman.  Il y a la question du soin.  Comment prendre soin de son fils quand on est trop occupé à gagner sa croûte?  Comment faire sans père?  La solution de Sibylla est de confier ce poste aux samurais d'Akira Kurosawa.  Cela est épochal comme geste et comme provocation.  Il n'est pas interdit de le critiquer comme un geste quintessentiellement irresponsable.  Et d'incriminer la mère comme mauvaise.  (Solution de facilité)  Ce qui est inoui, c'est le fait (romanesque) que cela marche.  Son fils Ludo joue le jeu!  Miracle! 

Si lire c'est écrire dans l'entrelacs où on ne lit plus, alors il faudrait écrire à propos de ce choix électif dont Goethe n'avait aucune idée.  Confier l'éducation morale et politique de son fils aux samurais et à leur metteur en scène, c'est à voir.  A entendre.  Je vois une pratique de soi comme l'occasion donnée à ceux qui en reconnaissent la nécessité de faire voir et faire entendre une évaluation de ce parti-pris pédagogique et moral.

Parmi les concepts les plus critiques, les plus provocants, les plus actuels, de l'engagement de Bernard Stiegler dans les affaires des cités qu'il habite, il y a cette histoire de circuits courts de l'enculage et des circuits longs de l'éducation au désir.  S'il fallait une motivation absolue pour se lancer dans la lecture de ce roman, il y aurait celle-ci: nulle part ailleurs trouve-t-on meilleure illustration et exemplifiation du circuit long qu'ici.

PS.  Il y a, parmi nous, dans tous les pays, toute une série de gestes préparatoires, précautionieux, qui consiste à se renseigner sur un livre avant d'investir dans l'effort requis pour le lire.  Cela est compréhensible.  La critique est là pour ça.  Les amis, également.  ("Alors, qu'est-ce que ça vaut?")  La réponse d'un de nos membres, obtenue auprès de ses amis, ce fut qu'il s'agit d'un livre-culte.  J'aime la réponse, moins en général que dans l'extreme singularité de ce cas.  Il s'agit en effet d'un livre culte.  Et du travail et du corps qu'il faut pour rendre un culte à un livre imparfait et fini.

lle statut "cultee du roman de Helen DeWitt

"Culte" n'est pas le plus facile, ni le plus répandu, des épthèthes.  D'une certaine façon, on pourrait dire que la modernité se donne pour tâche d'en finir avec les cultes imposées, en faveur de cultes chosies librement.  Ce n'est pas étonnnant, dans ces conditions, que le culte en sort endommagé.

J'ai une première mise au point à livrer à l'association.  Ce livre culte qu'est "Le Dernier Samourai, a laissé dans son sillage un paysage devasté de lecteurs décus.  Je me demande si cela ne serait pas dû  à une question de genre -- le fait qu'il s'agit d'une femme, mère, sans père qui incarne comme pas deux le "Penia" de Platon.  On est forcément plus à l'aise avec des incarnations et porterus de penia qui n'écrivent pas, qui ne s'expriment que des quolibets, qu'avec cet auteur "penial" qui distribue les bons points et assènent des jugements de non retour à tire-l'arigot. 

 

Et pourtant: comment ne pas être saisi par ce traitement fin-de-siècle de la dialectique du Poros et de Penia, dans un livre si facile d'accès de ce point de vue.  Le fait qu'il soit tombé des mains de tant et de tant de lectuers n'est pour moi que le signe que le soin est le plus grand des impératifs, le plus riqués, le plus fous.  Comment prendre soin de cette virago de Sibylle? 

En attendant, je propose, au sein de cette association qui penche lourdement du côté de l'expression philosophique des états et des devenirs, de regarder ce qui, du côté de la fiction, peut être vu comme le point de vue des prolétaires, même si ces prolétaires sont suprêmement dotés en termes de culture et de doigté perceptuel.  Il y en an beaucoup de ces prolétaires-là: des gens surpremement et superment cultivés, qui sont pourtant à ramasser dans une cuillère qui ne se présente pas que déformée par des bonnes intentions.

Que c'est sale!

Le dernier post sur ce blog, intitulé le statut "culte" est mal présenté, mal rédigé, et peu clair dans ses articulations.  Autrement dit, c'est une  photographie fidèle de mes progrès avec la langue japonaise.  Sa prononciation est difficile, remplie de pièges et les fautes sont de celles qui vous rendent ridicule.  Quant aux trois sytèmes d'écriture, (hirakana, katakana, et kanji), c'est peu dire que nous avons perdu l'habitude de tenir un instrument d'écriture ou de calligraphie, et en plus, en ce qui me concerne, mon mode de vie a permis, jusqu'à maintenant, d'ignorer le fait que ma main tremble!  C'est dire que mes cahiers d'écriture sont une source de honte, et un commentaire impitoyable sur un certain mode de vie.  On sait qu'il est difficile de se servrer de la drogue, de l'alcool, de la télévision, et de certains modes de consommation.  Ce que l'on sait moins, c'est combien il est difficile de rester attelé à la tâche de recommencer un apprentissage.  La contraction d'une nouvelle habitude n'est jamais une affaire décontractée.  C'est toujours un drame discret, et une souffrance à hauteur de tout sévrage.

Je prends date donc pour une réécriture de ce poste sur Poros et Pénia tels qu'ils se conjugent dans "Le Dernier Samurai" de Helen DeWitt.

Filmographie pour la figure du samouraï dans la culture de soi

Voici une première liste de films qui engagent une problématique autour de la figure du samouraï.  Bien entendu, il doit y avoir mille autres films, et toute suggestion d'une fleur de plus sera la bienvenue.  Mais en attendant, il y a un menu cher en termes de temps d'engagement, qui devrait donc nous occuper un certain temps!

1) Taboo de Oshima

2) et 3) De Akira Kurosawa, Les 7 Samouraïs et un autre film, de 1952,  Ikiru.  (le devenir samouraï d'un salaryman)

4) et 5) De Takeshi Kitano, Hani-bi et son grand film samouraï: Katoichi.

6) et 7) de Jim Jarmusch: Ghost Dog et Dead Man

La liste est courte, car elle s'accompagne d'oeuvres qui rallongent le temps d'assimilation et le défi d'une cérémonie autour d'elles.  Voici les indispensables:

1) Le Sabre et la Pierre de Eigi Yoshikawa

2) La Parfaite Lumière du même auteur

3) La Porte de Natsume Soseki

4) Le Dernier Samouraï de Helen DeWitt

5)Le Japon moderne et l'éthique samouraï de Yukio Mishima

6) Kissing the Mask, Beauty, Understatement and Feminity in Japanese Noh Theatre de William T. Vollmann (en Anglais uniquement, pour l'instant)

7) Le Maître du Go de de Yasunari Kawabata (avec son discours de réception du Prix Nobel en 1968)

Nous allons commençer, après les vacances d'été, à préparer une première céremonie de présentation des films de Kurosawa lus par Helen de Witt, en accentuant tout ce qui se dégage de ces ouevres comme rayonnement ou comme rémanence, tout en restant longtemps, et calmement, avec les épines le long des tiges de chacune d'elles.  Quelques exemples:  a) les films de Kurosawa sont longs; ils appartiennent à une autre époque du cinéma.  Que dire et comment réagir à ces côtés mortifiés -- réliques?  b) L'option de la mère dans "Le Dernier Samouraï" est de proposer "Les Sept Samouraïs comme un bien singulier "jue de rôle" où le fils, sans père, peut trouver un substitut, au bout d'une liste de prétendants, ayant assimilé le modèle d'un bon père auprès des 15 candidats du film.  Ceci se déroule dans la suite d'une décision de sous-tirer cet enfant à l'éducation nationale en Angleterre (option de plus en plus suivie dans les pays anglo-saxons, devant l'état délabré du systyme éducatif.)  c) Il y a, dans le roman et dans les deux films de la filmographie, de splendides "circuits longs" (Bernard et Francis) qui devraient être présentés avec tout le soin qu'ils méritent.  d) Que faire de l'appropriation par des femmes, au Japon, aux Etats-Unis, et ailleurs, de la figure du samouraï?  (On peut commencer avec un roman/récit de Hillary Raphael intitulé "I love Lord Buddha.")

A supposer que tout le monde soit un peu comme moi à ce stade inchoatif de ce groupe, il doit y avoir une foule de références glanées sur internet.  Si Google ne s'en charge pas, il serait utile à tous de tenir un main-courant de ces recherches et promenades.

Je signale une nouvelle fois tout l'intérêt pour nous de lire et de pratiquer le nouveau livre de Frédéric Gros: "Marcher, une philosophie."  Il y aura une marche, un "yogging" à la prochaine séance, yogging que je présenterai ici dès la rentrée par rapport aux stations sur le chemin de la marche dans "Marcher, une philosophie."

Prochains posts ici: 1) Koyève et Ishida sur les snobs japonais et 2) la question de la maladie sociale japonaise et les technologies relationnelles.

Je me permets une rapide

Je me permets une rapide remarque pour rappeler, à la suite de votre liste, le titre d'un film, que d'ailleurs vous évoquiez dans votre tout premier message : Kill Bill...

En effet, le travail de Tarantino - quelque soit d'ailleurs le genre auquel s'intéresse le cinéaste - s'avère à mon avis un outil tout particulièrement pertinent dans l'étude d'un genre, ou pour ce qui vous intéresse, d'une figure particulière. La relecture me paraît en effet l'une des approches les plus éclairantes quant au sujet qu'elle se réapproprie. Ainsi, chez Tarantino, le seul rapprochement entre le film de samouraï et le western me parait tout particulièrement stimulant...

Le travail de relecture opéré par Tarantino est d'ailleurs peut-être d'autant plus riche dans Kill Bill qu'il y fait un vrai pas en avant vers la théorisation de son approche transfilmique...

 

Au plaisir de développer, pourquoi pas, autour de ce film...

Je suppose que "Génération

Je suppose que "Génération Ottaku" d'Hiroki Azuma trouvera sa place dans le petit 2) de la fin, d'autant plus qu'il s'attarde languement sur le 1).

Je veux bien tenter le coup de participer à la prochaine réunion parisienne, mais il ne faut pas trop compter sur ma présence car je suis sur le point de beaucoup trop m'éloigner de tout parc parisien pour revenir m'y coucher le temps d'une cérémonie du thé ou d'un iaïjutsu.

Et surtout j'avoue être a priori sceptique sur ce qui peut sortir de ce type d'échanges. Sceptique, mais ouvert.

en s'éloignant de Foucault pour s'y rapprocher

Je rédige sans note, sans filet, ce début de bibliographie pour ce sous-goupe de travail sur les cultures de soi au Japon. 

Il y a, dans la leçon inaugurale de Foucault au Collège de France, en 1970, une dixaine de lignes consacrées au shogun, au début du 17ième siècle, qui louche du côté de l'Occident in lui enviant sa maîtrise des mathématiques.  "Il nous les faut, ces mathématiques" -- trouvez-moi donc quelqu'un qui pourrait nous apprendre à vivre avec eux.  C'est dans "L'ordre du savoir" est c'est le point de départ de ce groupe.  De l'autre côté, il y a l'annonce par l'Empereur de la fin des samouraïs, qui doivent donc rendre leurs armes, et chercher dans cette nudité inhabituelle "tout le savoir du monde."  Foucault ne pipe mot de cette deuxième borne, et ce qu'il peut dire pendant son séjour au Japon en 1778 n'est pas, comment dire, inoubliable.  Mais le désir du shogun l'est, et c'est notre point de départ.

Je trouve assez peu pertinent les textes de Foucault sur les techniques de soi.  Il eut mieux valu chercher du côté des militaires et des policiers, comme il le faisait dans son travail sur les prisons;  Mais au moment où la notion de "techniques de soi" commence à (lui) travailler, il est en fuite par rapport à son cadre habituel d'analyse et de travail.  Les techniques de soi pour Foucault signifient tout d'abord une conversion au sens des sports de neige: il change d'orientation et se retrouve démuni de tout le savoir accumulé depuis son passage à l'Ecole Normale Sup.  On a  besoin de techniques de soi quand le soi ne va plus de soi.

Mais Foucault n'est pas essentiellment lui-même, mais ce qu'il a mis en branle en tant que mouvement de recherche collectif.  Autrement dit, il y a parmi les Foucaldiens des ressources pour nous.  Je ne vois personne en France plus à même de nous faire avançer dans la figure historiquement datée mais toujours présente dans les industries culturelles qu'est le guerrier samouraï que Frédéric Gros.  Il lui faut casser sa réputation et sa marque de fabrique de Foucaldien, et il le fait (donc en s'éloignant du maître) en s'occupant d'abord des conflit et des guerres, pour ensuie sortir un livre magnifique sur ce qui peut se faire quand on a renoncé à la guerre, c'est-à-dire marcher sans armes.  Etats de Violence, donc, et tout récemment, Marcher, une philosophie.  On verra qu'il n'est pas anecdotique que les samouraïs et les ronins passent leurs jours et leur vie à marcher de village en village.  C'est qu'il y a un soi à construire, et le sabre est à la fois une voie privilégiée vers cette création et son obstacle principal.  Les livres de Gros, ces deux Gros livres, nous aident à entrer dans ce propos.  Ils seront suivis par des films classiques de guerre mettant en épingle le samouraï comme guerrier, avant de laisser la place à des beaureaucrates refoulés et malheureux qui retrouvent la sève sinon le sang des samouraïs pour transformer leur existence en lui donnant un point d'orgue inoubliable.  Ce sera Kurosawa, d'abord Les Sept Samouraïs mais de manière aussi simultanée que possible, l'inoubliable Ikiru.

Merci des commentaires.  Je ne peux pas pour l'instant dire ce qu'il faudrait pour chacun, pour cela viendra en temps et en heure. 

en partant de Foucault

Je vais être bref, mais une fois que j'ai la certitude que ce commentaire sera enrégistré, je procederai au travail de bibliographie promis dans mon annonce.

Foucault démarre son travail au collège de France avec un récit mythique concernant le shogun qui se trouve, lui et son pays, en désir de savoir, ici, de mathématiques.  Cela demande à Foucault une dixaine de lignes, que vous lire dans "L'ordre du savoir" sa leçon inaugurale prononcée en Décembre, 1970.  Toute la suite de sujet imaginaire "Foucault et le Japon" serait, pour moi, un chapelet de platitudes sans intérêt.  Mais pas du tout ce petit récit touchant au désir de l'Empereur qu'on lui enseigne les mathématiques!

Pour s'éloigner de Foucault, et faudrait se rapprocher de ceux qui le connaissent et qui ont su le commenter.  Frédérique Gros nous serait, dans ce petit sous-groupe de travail, d'un précieux concours.  (J'arrête ici ce commentaire, pour voir son espérance de vie.)

Persévérons donc !

Présent !

 

    … dans la mesure où le calendrier des réunions sera défini suffisamment à l'avance et tiendra suffisamment compte de mes possibilités d'organisation. 

 

   Je trouve tout à fait passionnants ces concepts d'horizontalité et de verticalité.

 

    Horizontalité du compost, des multiples formes de vie, bactérienne, fongique, animale, qui, chacune dans sa micro sphère, travaille à sa survie immédiate, et dont la somme tasse le tas, le mêle à la terre, horizontale.

 

    Verticalité contenue en potentiel dans la graine d'arbre, introduite dans le tas aplati. La poussée de la tige donne alors un tout autre sens au compost qui fertilise ici la terre : c'est l'harmonie globale du paysage, où pousse l'arbre, qui est affectée.

 

    Voilà dans quelle disposition je me sens pour aborder le Kanji : recevoir un caractère, contenant une émotion, que nous pouvons approcher par nos systèmes sensoriels qui donneront à chacun une sensation, un sentiment personnel différent, du mouvement intégré contenu dans le caractère, tel qu'il se dessinera, individué, dans l'environnement particulier que nous formerons.

 

    Voilà constitué un laboratoire pour connaître de façon sensible cette individuation psychique et collective, si centrale dans les concepts fondateurs d'ArsIndustrialis.

 

    Je suis aussi enthousiasmé par votre idée, George Collins, de commencer couché. Tout le paragraphe que vous consacrez à la description de cette posture horizontale me plait beaucoup. (« cool » … « mimésis ironique et complice »), le tas de fumier ou de compost, où tout repose, dans une hyperactivité des particules qui suivent le mouvement de leurs mécaniques, sans effort. La table du dimanche où l'on passe le temps et les plats, sans projet, et où la moindre tension psychique se résout en prise de parole pour peu que traine à portée de voix une oreille susceptible de faire office de décharge. (l'ironie et la complicité, dans notre mimésis, nous sauve du naufrage !). Mais, comme chaque bactérie, chaque filament mycélien blanchâtre, chaque lombric, apportent, qui la fermentation, qui l'azote, qui la texture hydrologique qui feront la santé de l'arbre, chacun de nous dans son être-hors-enjeux-théoriques-et-pratiques, formera un peu de la substance de ce à quoi ouvrira le Kanji. Laisser mûrir.

 

    Quand et comment introduire le Kanji ? Voilà ce que je suis impatient de découvrir. Quels concepts (lieu, complexe de Kanji, … ), quels principes, quels buts tactiques définir pour la thérapie collective qui s'appuie sur ces concepts et principes ? Jusqu'où cela doit il être précisé préalablement ?

 

    Les débats mobilisés sur le thème des techniques de soi, dans ArsIndustrialis, m'ont donné l'idée d'un prolongement possible de cette expérience, pour que, une fois qu'elle aura été vécue assez entièrement, il soit possible de la faire rebondir dans une autre verticalité. (J'introduis cette idée en commentaire de la réunion du 17 avril 2010, seconde partie – discussion et autres interventions, atelier techniques de soi. Mais il faudrait mettre en œuvre quelques préalables avant que soit possible la mise en pratique de cette idée.)

 

    Allez, je cours chercher les DVD d'Harold et Maud, des deux derniers samouraïs, de Ghost Dog et d'Ikiru.

        À bientôt,

Francis.

Présent

Mais je n'arrive pas a copier ici mon texte en réponse à George Collins !

Copier coller impossible à partir d'openoffice. Il disparaît quand je clique sur enregistrer ou aperçu ! Désolé.

   Francis.

Francis.

Bonjour Francis, essayez à

Bonjour Francis,

essayez à nouveau : il y a maintenant deux boutons permettant de coller du texte dans les commentaires.

JG

Merci

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Francis.