Groupe de travail Technologies relationnelles

 


Vidéos de la séance du 12 mai 2012 consacrée à la déprolétarisation du consommateur avec Henry Peyret et Cedric Rigenbach


Ars Industrialis met en place un groupe de travail sur les "Technologies Relationnelles" pour, et avec, ses adhérents.

 

Les technologies relationnelles désignent l'ensemble des technologies qui non seulement mettent en relation, mais également qui engramment les relations. A ce titre, ces technologies sont un moment, contemporain, du processus de grammatisation qui consiste à discrétiser les flux temporels, c'est à dire à spatialiser le temps. Après la grammatisation de la parole dans l'écriture, puis du geste dans la machine-outil, les technologies relationnelles grammatisent à présent les relations psycho-sociales.

Bien que les services de réseaux sociaux (Facebook, Twitter,..) soient la manifestation la plus visible de ces technologies, ils n'en sont qu'une partie qui s'inscrit plus glogalement dans le milieu technologique que constitute l'internet et le web, un milieu technologique associé qui permet le développement de logiques bottom-up et contributives.

L'enjeu des technologies relationnelles réside en ce qu'elles permettent des processus transductifs, des processus qui produisent de la transindividuation. C'est à dire des processus où les relations, ainsi mises-à-jour et dévoilées, vont co-déterminer et sur-déterminer la constitution des individus qui sont ainsi reliés. La relation constitue les individus dans une transindividuation que l'on nomme aussi co-individuation.

Mais, les technologies relationnelles, en tant que techniques, relèvent du pharmakon : elles peuvent tout aussi bien produire de la transindividualisation que des cours-circuits de la transindividuation. Aussi, si le champ des technologies relationnelles est laissé aux seules forces du marché, il y aura immanquablement une baisse tendancielle des circuits de transindividuation. Une baisse induite par la volonté de "monétiser" à court terme le graphe des relations sociales.

C'est la raison pour laquelle une politique d'accompagnement de ces technologies est nécessaire et urgente afin de développer de nouveaux processus de transindividuation et non des courts-circuits de la transindividuation. Il s'agit, via cette politique, de développer une véritable écologie relationnelle.

 

Le thème n'est pas nouveau puisqu'il est présent dès le début de l'association, notamment via la mention des technologies de l'esprit dès la première version du manifeste de 2005, puis via les débats sur l'infrastructure du numérique, les lectures industrielles, la pharmacologie des métadonnées (cf. Pour en finir avec la mécroissance, Flammarion 2009), les réseaux sociaux, etc.

Si le thème est central et récurrent dans les réflexions d'Ars Industrialis, il nous a toutefois semblé à la fois opportun et important de créer un groupe de travail dédié à cette question, et ce à plus d'un titre :

  • pour bénéficier d'un apport plus large et d'une contribution plus forte des membres de l'association sur cette question (contributions expertes mais aussi néophytes);
  • pour rejouer le succès de la formule déjà mise en place par le groupe de travail sur les Techniques de Soi (la participation à plusieurs groupes de travail est d'ailleurs la bienvenue);
  • pour formaliser et structurer le travail déjà effectué, afin de mieux le faire mieux connaître, dans le cadre de publications mais aussi lors de participations d'Ars Industrialis à des rencontres et des discussions sur ce thème, notamment afin que l'approche pluridisciplinaire et transdisciplinaire d'Ars Industrialis puisse en enrichir ces rencontres d'experts.

L'activité du groupe de travail se compose autour de quatre axes :

  1. proposer une critique et des concepts relatifs aux technologies relationnelles (c'est là la marque de fabrique de l'association) : que sont-elles, quels enjeux portent-elles, quelles sont leur actualité et leurs potentialités, etc. Cette démarche s'accompagnera de dialogues et de discussions avec personnalités externes à l'association, qui feront l'objet d'entretiens filmés et indexés ;
  2. dégager une typologie et assurer un suivi des innovations qui relèvent des technologies relationnelles (applications, services web, réseaux sociaux, etc.) ;
  3. produire des recommandations et des préconisations ;
  4. mener des études et des expérimentations avec ces technologies relationnelles, pour les besoins et les usages d'Ars Industrialis et de ses adhérants, mais aussi pour les partenaires de l'association ;

S'il y a plusieurs objectifs, il ne faut pour autant perdre de vue que notre motivation principale, au travers la question des technologies relationnelles, reste celle de la transindividuation : comment ces technologies permettent-elles de penser des possibles en matière d'opérations transductives et d'individuations psychiques et collectives. Les travaux et des concepts deGilbert Simondon seront donc nécessairement convoqués.

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Dans le cadre de nos activités publiques, la question des technologies relationnelles sera abordée et introduite lors de la prochaine séance publique d'Ars Indsutrialis (Soin et Relation), au Théâtre de la Colline, le 15 Janvier 2011. Une séance y sera ensuite exclusivement consacrée, toujours au Théâtre de la Colline.

En parallèle de ces réunions publiques, une première réunion du groupe de travail a déjà eu lieu le 23 Octobre 2010, dont vous trouverez ci-après les enregistrements audios :

Présentation du groupe et des objectifs, avec la discussion :

http://www.christian-faure.net/wp-audio/Atelier_TR_objectifs.mp3

Techniques et technologies relationnelles, C. Fauré et discussion :

http://www.christian-faure.net/wp-audio/Atelier_TR-CF.mp3

Retour sur le symposium PhiloWeb 2010, organisé par Alexandre Monnin :

http://www.christian-faure.net/wp-audio/Atelier_TR_PhiloWeb.mp3

Tous les membres de l'association intéressés pour contribuer à ce groupe sont invités à se manifester en envoyant un message à la liste de discussion dédiée aux technologies relationnelles

technologies_relationnelles@arsindustrialis.org