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L'identité
Alors que j’étais en vacances tout récemment, j’ai vu et entendu Jean-Christophe Cambadélis sur France 24. L’un de ses propos m’a hérissée. Je le rapporte ici tel qu’il me reste à l’esprit : « Le problème principal des Français aujourd’hui n’est pas l’égalité mais l’identité ».
Reprendre un tel lieu commun actuel est, à mon sens, terriblement pernicieux ; cela revient à servir la soupe au F.N. et aux parties primaires présentes en chacun.
Quelques réflexions supplémentaires. S’il y a quelque vérité en ce propos, elle se situe, pour moi, dans le fait que c’est le manque d’égalité réelle depuis des années qui a contribué grandement à engendrer un tel repli identitaire. Ce repli est une réaction de peur, et la peur vient toujours d’un manque de soutien, de solidarité, de fraternité bienveillante, de justice, de respect et d’égalité (je n’ajouterai pas « manque de liberté » car la liberté peut favoriser soit nos instances primaires soit nos parties évoluées ; elle peut être soit liberté-égoïste soit liberté-responsable). Sur cette peur mise au premier plan, on ne saurait refonder une société, ranimer la démocratie, soutenir les valeurs républicaines. Cette peur est défensive, destinée à défendre en priorité notre petit ego ; elle n’est pas constructive, ouverte sur le mouvement, le changement, la création. Le souci d’égalité participe de nos parties évoluées soucieuses des autres et plus largement de la vie. Alors que le repli identitaire participe des nos parties primaires égoïstes, et omnipotentes par peur.
La notion d’identité, d’une identité assurée, « béton », dans laquelle s’enfermer, à laquelle se raccrocher quand la vie nous bouscule, est fausse, illusoire. Notre identité est fluctuante, mouvante, sans frontières assurées, traversée et transformée par nos expériences, nos rencontres, etc. Pour accepter d’être en cette identité ouverte, tolérante face à ce qui l’insécurise, il faut pouvoir s’appuyer sur l’humaine solidarité de nos frères de condition humaine, et avoir suffisamment réfléchi à notre humaine condition, à ce qui nous égare aussi : nos défenses égocentrées, nos chimères, nos intempérances d’idéalité et d’absolu, nos peurs, notre orgueil déplacé, etc.
Gare à ce concept d’identité tel qu’il est aujourd’hui utilisé.