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Après lecture de Books du mois de juin, voici quelques réflexions. L’article de Tilmann Moser sur le livre d’Alice Miller montre que ce monsieur non seulement ne comprend pas bien l’auteure dont il parle, ni ses concepts, ni ceux de la psychanalyse en général. Il mélange un peu tout à « sa sauce ». Parler le soi « comme centre actif de tous les processus de défense », c’est ne rien comprendre au soi tel qu’il fut parlé par Donald Winnicott, et repris entre autres par Alice Miller. Par ailleurs, sa définition de la névrose en début d’article laisse songeur. Ainsi, les conflits intérieurs vecteurs de névroses prendraient « leur source dans le tiraillement de l’enfant entre ses pulsions et les interdits sociaux et parentaux. Selon sa force le moi se soumettrait alors aux interdictions, conquérant de haute lutte une certaine marge de liberté… ». Considéré ainsi, l’interdit serait toujours une contrainte venue de l’extérieur vécue comme un assujettissement, et vivre serait toujours une lutte dominant-dominé, la liberté étant ce que l’on arrache au dominant en ce combat. C’est faire bien peu de cas de l’interdit que l’être (le vrai soi) de l’enfant ressent comme un besoin, interdit qu’il attend, souhaite et désir pour pouvoir grandir au mieux de ses potentialités évoluées. L’être relationnel de l’enfant à besoin que son ego rencontre des limites, et que ces limites lui soient données par ses éducateurs, non pas pour l’assujettir, mais pour libérer ses forces vives de l’emprise de son ego omnipotent, lequel ego est son propre ennemi lorsqu’il l’empêche de devenir un sociétaire à part entière, un sociétaire doué pour la justice et le respect. En d’autres termes, pour pouvoir grandir, l’enfant a un besoin profond d’éducation auquel les adultes doivent répondre. Il importe que cette éducation soit donnée dans un état d’esprit de justice et de respect, jamais dans un rapport de force. L’enfant doit ressentir l’autorité comme juste, et justes les interdits qu’elle pose, et non comme des armes de domination assujettissant sa vitalité créative et sa liberté potentielle. « C’est pas juste » est une protestation enfantine spontanée. Quand « c’est juste », l’enfant accepte parfaitement l’autorité ou la punition sans récriminer.
A propos des contraintes chimiques imposées aux enfants du monde entier, ce qui m’a frappé est toujours et encore ce même rapport de force, dominant-dominé, cause déjà des violences faites aux enfants du temps de « la pédagogie noire », et cause toujours des violences que les humains se font à tous âges. Où sont passés l’amour, la justice, le respect dans tout ça, sentiments qui devrait inspirer tous nos comportements éducatifs, et tous nos comportements de citoyens ?
De Martin Miller citant les écrits d’Alice, sa mère, je garde cette reprise qui trouve toute sa place ici : « les parents, au fil du développement d’une relation parent-enfant, demandent de plus en plus comment pouvoir «venir à bout» de leurs enfants » ; et Martin d’ajouter : « elle (Alice) dénonce ces mécanismes éducatifs comme un pur instrument de pouvoir. Au cours de l’histoire, l’enfant devient pour ses parents un ennemi qu’il s’agit de combattre au moyen de l’éducation. » Une des nouvelles armes de destruction massive du vrai soi de l’enfant aujourd’hui se nomme Ritaline.
La «pédagogie noire» en toutes ses variantes réinvente sans cesse de nouvelles méthodes de terreur éducative pour détruire la vitalité créative de l’enfant, de l’enfant perçu par l’adulte comme un ennemi à assujettir ou abattre.