Atelier Techniques de soi - Séance du 17-04-2010 - 2e partie

  • Artist: Ars Industrialis
  • Titre: Séance du 17-04-2010 - 2e partie
  • Série: Atelier Techniques de soi
  • Année: 2010
  • Intervenant: Divers
  • Durée: 66:47 minutes (61.14 Mo)
  • Format: MP3 Stereo 44kHz 128Kbps (CBR)

verticalité du caract. japonais, vertic. de l'h. du paléolithiqu

Bonjour,

 

   J'ai écouté la fin de la réunion "techniques de soi" du 17 avril 2010, et, comme j'en use de tout ce qui me vient d'Ars Industrialis, à l'oral comme à l'ecrit, j'en ai fait le prétexte de mon écriture de soi de ce matin. Mes réflexions m'ayant conduit au carrefour de la petite annonce de Georges Collins, je me permets d'entrer dans la conversation en vous donnant lecture de mes notes :

 

. Patricia et le geste artisanal.

. Le barrage dans la transmission des savoirs, et surtout de l'excellence. La transmission ne parvient qu'à un niveau moyen, ou médiocre, qui sera ressenti comme « bien assez ». Ce type d'apprentissage évoque une posture couchée. La science de celui qui transmet et l'ignorance de celui qui reçoit sont les objets d'un marchandage au terme duquel il serait abusif que l'ignorance perde tout ses droits ! Mais je laisse de côté cette piste, qui devrait être le point de départ d'une analyse de la récente proposition de rétribuer le travail d'apprentissage de certains élèves, et d'une analyse des violences en milieu scolaire en tant que conflit consécutif à une opération de troc mal conduite.

. Reprendre à zéro la question : pourquoi ce barrage dans la transmission ?

. Que serait le ressort d'une transmission de l'excellence (transmission debout) ?

 

Je découvre, en vous écoutant, que l'habitude que j'ai prise, depuis janvier 2009, de déposer, chaque trimestre, un papier sur le site d'Ars Industrialis est une technique de soi, au sens où vous l'entendez. C'est une activité codifiée, s'exerçant dans un milieu délimité, que je pratique en individu libre et autonome. Je ne le fais pas parce que tout le monde le fait ou parce que n'importe qui pourrait le faire. Je ne trouve pas de légitimation dans le fait de ne pas le faire plus qu'un autre, mais dans le fait de le faire d'une façon qui ne serait pas représentée si je ne le faisais pas. En d'autres termes, les qualités requises pour cette participation sont point par point inverses de celles qui ouvrent à la participation à l'apéro des champs Élysée.

 

Ce qui se discute aujourd'hui, 17 avril 2010, me donne une nouvelle lecture, de nouveaux mots pour exprimer l'idée, que j'essaie de mettre en œuvre, trimestre après trimestre dans ces papiers :

Le barrage à la transmission est une manifestation de la paresse néolithique, dont un des aspects est l'introduction dans l'humanité du pouvoir. Pouvoir au sens de la commande, du contrôle de ce que l'autre fait.

L'idée corollaire est que le ressort d'une transmission de l'excellence serait à chercher dans le geste d'abandonner son propre pouvoir (sur l'autre), pour libérer sa propre puissance (pour l'autre).

 

Ainsi, en prolongement de l'expérience que j'aimerais bien partager avec Georges Collins, dans la confrontation au caractère de la langue japonaise, expérience de la verticalisation induite par cette confrontation, j'aimerais bien une expérience dans laquelle le « quelqu'un qui débarque et qui est radicalement inconnu » serait un homme du paléolithique. Un homme qui introduit la verticalité du temps des combats.

. Introduction de la verticalité de la durée, qui depuis le paléolithique nous traverse, et dégage une perspective sur un avenir à même échelle de temps.

. Verticalité du chasseur, dont l'arc est bandé, et qui attend le mouvement où se trahira la présence de l'animal qu'il va tuer.

. Verticalité de l'homme libre, qui sait comment construire une barrière autour du troupeau dont il se nourrit, et sait aussi qu'il ne veut pas le faire avant d'avoir inventé la manière qui n'aura pas pour conséquence de faire de lui un homme couché.

 

C'est dans une reconstruction mythique du passé, dans ce sens, que j'aimerais nous engager. Un mythe qui puisse articuler les sentiments qui nous animent, quant aux environnements sociaux dans lesquels nous sommes plongés, qui nous nourrissent et nous étouffent.

 

C'est par le geste artisanal qu'un vécu de la verticalité paléolithique peut se planter dans notre horizontalité néolithique. L'idée est que cette intersection soit aussi ponctuelle que possible, dans le plan de notre quotidien, plus l'intersection sera ponctuelle, plus elle sera incandescente, « lieu fondamental » « qui dicte les conditions d'excellence et de cheminement ».Une incandescence telle que personne ne pourrait l'incarner, mais que chacun peut s'en approcher à la bonne distance, ce que dans son équilibre interne il sent être sa propre distance de sécurité.

 

J'entends bien, dans l'intervention de Patricia et l'intérêt qu'elle a suscité, un accord entre ce qui est en gestation dans le groupe « techniques de soi » d'Ars Industrialis et ma proposition. Par un geste artisanal, dont rien n'empêche qu'il devienne industriel, l'homme du paléolithique se plante dans notre communauté horizontale. Il peut nous accompagner dans la reprise en charge de tout ce qu'a inventé l'homme néolithique jusqu'à nous, à condition de ne pas céder à la complaisance de partager les erreurs intellectuelles de cet homme néolithique. De même que les caractères de la langue japonaise nous auront imposé, dans un cycle précédent, une discipline et une élévation intellectuelle, de même les productions de l'homme paléolithique seront la médiation de l'enseignement de ce maître silencieux et invisible. Pour en juger, nous n'aurons que le sentiment d'incandescence qui se manifestera en conséquence des réponses que chacun choisira de donner aux questions que pose un objet produit. J'ai suggéré l'idée que l'erreur centrale est dans la façon de penser la valeur et l'équivalence, l'idée que la création d'un certain concept d'équivalence est le facteur horizontalisant du néolithique. J'ai l'intuition que, par ce cheminement, nous trouverons le ressort d'une transmission de l'excellence. D'une transmission debout ! Idée peut être fausse, intuition peut être sans fondement, auquel cas la mise en pratique de ma proposition devrait me donner l'occasion de m'en déprendre, et d'en trouver d'autres qui me, nous, porteront plus loin.

 

Mais, pour commencer, il faudrait que je puisse venir aux séances des cultures de soi d'Ars Industrialis et aux rencontres de culture par le caractère japonais de Georges Collins. C'est sans doute indispensable pour sentir s'il est pertinent de travailler à l'entrée en scène de l'homme de Cro-Magnon. Si les dates de ces réunions ne sont pas décidées suffisamment à l'avance, je n'ai aucun moyen d'empêcher mon activité professionnelle de rendre impossible ma participation.

 

Amicalement, Francis.

 

P.S. - À propos de cro-magnon, il y a du côté d'Aurignac (dont l'aurignacien fit les heures de gloire, il y a une trentaine de milliers d'années), le projet de carrière de pierre de Montmaurin, qui va détruire une stratigraphie de 500 000 ans, unique au monde, et un biotope limitrophe unique au monde aussi. Si quelqu'un parmi vous peut empêcher ce geste typiquement crétin-néolithique-horizontal … merci. (petite annonce d'un anti-moderne)

http://entresaveetseygouade.blogspot.com/    

http://entresaveetseygouade.blogspot.com/p/petition-soutien.html   

http://www.vivreencomminges.org/spip.php?auteur52      

http://www.vivreencomminges.org/spip.php?article1093       

Francis.