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UN "GRAND HOMME"
Régulièrement, commentateurs en tous genres se lamentent sur le manque de « grand homme » à la tête de l’Etat. Les hommes d’exception sont l’exception. En politique, un siècle entier en fait naître une poignée. Des Jaurès, Blum, de Gaulle, Mendès France, Mitterrand sont des personnalités rares. Reste qu’ils ne sont pas pour autant des dieux, leur humaine imperfection les faisant agir plus ou moins bien.
Nombre de responsables politiques sont des gens de qualité, soucieux de l’intérêt public ; la plupart sont des hommes « normaux », doués de compétences personnelles différentes liées à leur caractère, à leur expérience, etc. Notre président « normal » est, à mon sens, un homme fort intelligent, avec ses qualités et ses défauts, et qui a la volonté de faire au mieux. Il n’est pas « profilé » pour être une star ou un séducteur. Il est comme beaucoup sans un charisme à vous renverser ; il n’émane pas de lui une aura qui puisse nous faire penser ou dire : « Il est exceptionnel ! », C’est à nous qu’il revient donc d’aider cet homme « normal » (bien qu’au-dessus de la mêlée) à faire des choses remarquables. Car, du fait que nous sommes des être profondément relationnel, nos partenaires ont la faculté de nous rehausser ou de nous abaisser. Donc à nous de jouer pour le soutenir au mieux.
Depuis le premier jour du mandat présidentiel de M. Hollande, presque tout le monde lui tape dessus (le « bashing » comme on dit), le dénigre, le méprise, etc. Si je subis un tel traitement systématiquement malveillant de la part de mes congénères, je perds très vite mes moyens et je donne le pire (effets bien connu du harcèlement moral). Je pense que vous aussi. Je peux donner le meilleur de moi-même grâce au respect de mon prochain, et encore mieux grâce à son soutien bienveillant et encourageant. Aussi, je peux d’autant mieux rectifier ce que je fais mal, si sa critique me semble juste et fondée. Grâce à sa coopération et à nos conflits constructifs, je peux avancer en notre projet, et tâcher de réaliser ma part au mieux (Avec Monsieur Hollande et à ses côtés, il s’agit que tous et chacun travaillent à ranimer la démocratie et les valeurs républicaines dans une société en grandes difficultés économiques autant que morales). Tout autre façon de faire engendre en chacun une souffrance existentielle, et le travail fait en ces conditions est loin d’être le meilleur.
Monsieur Hollande est un homme comme les autres qui peut donner le meilleur ou le pire selon la façon dont nous le traitons et l’aidons ou non. Or, la violence ambiante qui le pose en bouc émissaire de toutes nos difficultés et misères ne lui permet pas d'agir au mieux. Ces abus de pouvoirs répétés que nous lui faisons subir sont quelque part paralysants, décourageants. De plus, face à ces abus, même s’il « a le cuir dur », sont action est entravée; une grande part de son énergie ne peut que se trouver pétrifiée par les coups reçus. Ces mauvais tratements risquent également de le faire se replier de façon défensive dans son pouvoir de président élu pour cinq ans, façon de se couper de la meute hurlante qui cherche sans cesse à le déchirer.
Une posture par trop défensive de notre "chef" ne saurait nous entrainer à aller collectivement de l’avant de façon constructive et créative. A l'agresser sans cesse, nous n'avons rien à gagner si ce n'est des plaisirs de toute-puissance infantile et de vanité.
De ce type de rapports de force méchants et bornés entre citoyens et gouvernants, pouvoir brutal contre pouvoir raidi, la démocratie ne saurait sortir grandie.
Quand allons-nous suffisamment évoluer pour apprendre à déjouer ces rapports de force qui aliènent la vie bonne?