Vers une Démocratie Digitale?

Publié par jneau le 2 Septembre, 2016 - 14:53
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Paru initialement sur LinkedIN

 

"Sauvons la Mondialisation et la Technologie d'elles-mêmes"

 

Dans cet article de juillet 2016, le Boston Consulting Group relie la mondialisation, la technologie, le Brexit, les impacts sociaux, la croissance des inégalités économiques et les pertes d'emplois pour conclure: "Si nous, en tant que chefs d'entreprise, ne nous levons pas pour façonner un avenir plus positif, il est de plus en plus clair que nous risquons une réaction qui limitera notre capacité à créer de la valeur dans nos propres entreprises et pour nos clients. Il est maintenant temps de prendre en charge cet agenda plus large".

 

Après le rapport du BCG sur la Quatrième révolution industrielle, servant d'agenda au World Economic Forum de Davos début 2016 et prédisant une profonde transformation de l'emploi, il était important de voir le BCG publier cette réflexion sur la globalisation et la technologie. Alors merci!

 

Bien que je partage son point de vue sur ce qui est en jeu et sur la plupart des prescriptions que le BCG propose, je me demande comment elles peuvent se réaliser.

 

Pourquoi? Parce que je ne vois pas des chefs d'entreprise relever un défi qui devrait être adressé par les dirigeants politiques et les institutions publiques pourvus de légitimité démocratique.

 

Par ailleurs, suite à l'interprétation des travaux d'Adam Smith, la poursuite des objectifs individuels est devenue primordiale et sacro-sainte. Nous ne pouvons pas attendre maintenant des entreprises qu'elles s'emparent d'un projet de société, en ce qu'elles sont, intrinsèquement, ni construites pour, ni dirigées par ces objectifs non économiques; elles ne disposent même pas de la légitimité démocratique pour traiter de sujets de société.
 

Les institutions publiques soutenues démocratiquement par des citoyens éclairés sont les seuls organes légitimes pour relever le défi.
 

Malheureusement, Brexit, populisme, théâtre médiatique et information-spectacle qui divertissent sans éduquer, montrent que la politique a disparu en tant que Politeia qui cherche à concilier le développement des individus et le développement d'une société civilisée.
 

L'appel du BCG aux chefs d'entreprise et non pas aux politiques le démontre d'ailleurs.
 

Le Brexit trouve ses racines dans une crise sociale, mais aussi dans un sentiment de perdre le contrôle démocratique et une tentative de revenir à une échelle plus petite et locale pour le restaurer. Le vide fait peur si on ne le maîtrise pas. Cela signifie, d'une manière ou d'une autre, un échec de la gouvernance démocratique.
 

Le Monde est devenu extraordinairement minuscule, de manière exponentiellement rapide. La globalisation a transféré les pouvoirs à des institutions mondiales (privées et publiques).

 

Mais la démocratie n'a pas suivi la même route, est restée lente et locale; les débats électoraux sont restés essentiellement bloqués aux nations; les élus nationaux ont une marge de manœuvre restreinte et trop lente à un niveau global. C'est d'ailleurs pourquoi les électeurs de leurs propres camps se fâchent, se désintéressent de la politique, l’abstention augmente et l'alternance gouvernementale est de mise sans que cela ait beaucoup d'impact dans les faits. "Ils ne servent à rien, à quoi bon?".

 

Car les décisions les plus structurantes sont aujourd'hui prises au-delà des nations, à un niveau global ou à l'extérieur des politiques publiques par des groupes privés mondiaux à la forte influence (où la gouvernance est également une question très discutée) .
 

On peut "sauver" l'intégration, il le faut, on n'a pas le choix, car le bon sens nous dit qu'il n'y a pas d'autre voie possible dans un monde minuscule, hyper-connecté et intégré, mais les entreprises ne peuvent pas être un substitut à un processus démocratique qui ne s'est pas adapté à la globalisation.

 

Le véritable enjeu est que l'exercice de la démocratie doit évoluer pour accompagner le mouvement.
 

La technologie a deux faces. Le Digital pourrait être utilisé pour poursuivre l'intégration tout en rétablissant l'équilibre et le contrôle par les citoyens, avec le droit de vote électronique sur les questions mondiales et le droit pour tout groupe de citoyens de lancer une initiative, demander des référendums et influencer les décisions publiques à un niveau global (comme en Suisse, bien que d'aucuns aimeraient y restreindre ce droit d'initiative, et comme dans la proposition de constitution pour l'Union européenne - constitution "paquet" avec de nombreuses mesures et rejetée par le peuple français notamment par voie de... référendum).

 

Cela forcerait les politiciens et les médias à jouer leur rôle d'éducation, d'explication et de formation du sens politique des peuples, au sens noble de la Politeia, et à faciliter un véritable débat démocratique transparent. La technologie le permet de nos jours. Elle ne sert pas qu'à cliquer J'aime sur Facebook sur des informations et des analyses réduites à la taille d'écran d'un smartphone.
 

La prise de conscience du BCG était importante, mais doit s'accompagner d'une

nouvelle gouvernance démocratique alignée avec un monde globalisé et sa vitesse numérique, enracinée dans une noble Politeia et un Humanisme retrouvés, soutenue par le Digital.

 

 

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