Une image peut-elle tuer?

Publié par tricordeau le 6 Septembre, 2015 - 00:08
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Elle est là. Elle suinte de nos journaux (sauf en France), nos ordinateurs, nos tv, nos téléphones. Elle donne forme aux mots assénés depuis des mois. En migrant des écrans à nos consciences, elle fait média entre ce qui était tu et ce qui tue. Aylan Kurdi n'est plus, il est partout !

 

Et il me manque.

 

Désormais, nous portons en nous cette image qui faisait défaut. Il n'est plus de migrants, seuls gisent les réfugiés. Les discours ne tiennent plus, il n'y a ni argument valable, ni raison qui vaille. Pour autant, doit-on se faire le relais de cette image ? Doit-on cliquer pour emplir cette béance ?

 

Je ne peux pas.

 

En 1993, Kevin Carter photoreporter est au Soudan. Il enquête sur la guerre civile et la famine qui frappe le pays. En mars il photographie un enfant squelettique et un vautour. Le 26 mars, Le New York Times publie la photo. Prix Pulitzer en avril 1994 grâce à ce cliché, Carter se suicide le 27 juillet.

 

Je ne veux pas appuyer sur le bouton.

 

Rendre public est une grande responsabilité. Publier texte, parole ou image donner forme à l'information est affaire de formation. Les mêmes qui ont alimenté, exploité ou porté aux nues la bêtise, le mensonge et la corruption doivent désormais nous fournir des arguments valables, des raisons qui vaillent.

 

Ce matin j'ai acheté un livre.

 

Un livre de Marie-Josée Mondzain, « Une image peut-elle tuer? ».