association internationale pour une politique industrielle des technologies de l'esprit
La télécratie est le pouvoir de la télévision. Berlusconi, parmi beaucoup d’autres, incarne parfaitement ce pouvoir. La télécratie ambiante illustre ce que Valery, en 1939, aurait nommé la « baisse de la valeur esprit ».
Les tenants du nouveau capitalisme consumériste, c'est-à-dire du capitalisme reposant sur la création de besoins, ont vu naître l'outil rêvé dont ils avaient l'espoir : la télévision. Celle-ci, qui a connu un essor extraordinairement rapide depuis sa naissance, est désormais dans 97°/° des foyers français ; elle reste le média le plus influent (c’est encore la télévision qui domine le flux d’information).
Faut-il encore prouver, à l’appui de chiffres ou de faits divers, l’aliénation télévisuelle ? Prendre au mot le PDG de TF1 : « Vendre du temps de cerveau disponible », cela veut dire produire du temps de cerveau sans conscience. La grande tentation est de parvenir à une captation intégrale, de mobiliser tout le « temps de cerveau disponible », elle est de détruire l’attention, de la transformer en réflexes conditionnés : tel le chien de Pavlov, la télécratie dresse notre plasticité synaptique ; l’homme qui n’est pas ce chien, cultive ce qui, en lui, ne se domestique pas.
C’est parce que le règne de la télécratie est possiblement en train de se transformer, qu’il faut plus que jamais réfléchir à ce dont nous ne sommes pas encore sortis : non seulement la soumission du premier pouvoir au quatrième pouvoir, mais encore l’exploitation et l’entretient de la bêtise à des fins marchandes ou électorales. La politique télévisuelle nourrit la désidentification collective et tue le politique.
Si le web peut nous sortir de la télécratie c’est en tant qu’il constitue structurellement un milieu technique associé (association des destinataires et des destinateurs et non plus opposition des producteurs et des consommateurs). Cependant, le web, comme toute technologie de l’esprit, est pharmacologique (autrement dit, il peut, si rien n’est fait, renforcer la télécratie).