"Si tu t'imagines, Marseille..." Projet de rapprocher artistes et habitants de Marseille pour une ville réinventée

Publié par jbrunati le 24 Février, 2013 - 17:10
Version imprimable

 

SI  TU T’IMAGINES,  MARSEILLE…

.                                                                                                                     

Marseille est mariée avec la mer, depuis l’origine.La mer l’ouvre naturellement à ce qui  n'existe pas  ou pas encore, et qui peut susciter des craintes, mais aussi et surtout des rêves, des espoirs, des projets. Pourtant Marseille manque d'imaginaire. Or, peut-être plus qu’une  autre ville, elle en a besoin:   par sa situation géographique en bord de Méditerranée, et son histoire (fondée  par les Phocéens, ces Grecs venus     d’Asie Mineure), Marseille exige du souffle, de la jeunesse, des   images renouvelées,    fortes. Or aucune  réponse  n'est   vraiment apportée à ce besoin d’imaginaire.

Il s’agit d’imaginer Marseille, une autre Marseille,  à réinventer afin de la hisser à la hauteur de ce qui fait sa beauté particulière. Comment le faire si on ne s’appuie pas sur les habitants de celle qui est restée, à la différence d’autres grandes villes de France, une ville populaire ?

Car les habitants d’une ville devraient pouvoir dire ce que serait une belle et une bonne ville. Ce ne devrait pas être le domaine réservé des experts, ingénieurs, architectes, urbanistes, politiques,     financiers, etc. Les compétences  particulières sont indispensables mais cela ne doit pas amener à considérer les habitants comme de simples consommateurs de ville, consultés sommairement, en réalité mis à l’écart de toute réflexion et de toute délibération. Aucune ville ne se   réduit à un « environnement », à un  simple décor.

Il s'agit de rendre visible la multiplicité des figures / visages, corps, objets, lieux/ qui la traversent, et de faire en sorte que chacun partage avec les autres son expérience de la ville, ce quelque chose de singulier qui fait que nous décidons de rester là et pas ailleurs. Partager, ce n’est pas additionner ce que nous avons de semblable, à quoi bon ! C’est confronter nos regard singuliers, nos mémoires souvent enfouies et nos attentes nécessairement différentes. Seule une telle démarche peut permettre de redéfinir une ville. 

Dans les cercles de pouvoir  domine souvent l’idée que la culture est un adjuvant  plaisant   au système consumériste, la culture est alors conçue comme une consommation un peu différente, un peu plus « in » et branchée que les autres. Les habitants sont ainsi invités à consommer  une « ville »  prédigérée,   transformée en scène de spectacles tape-à-l’œil, où il suffirait de se reconnaître comme semblables pour « participer ». La ville devient ainsi un produit et il ne faut pas s’étonner que les clichés les  plus  usés reprennent alors du poil de la bête.

Une ville ce n'est pas, en tout cas pas seulement, un espace de gestion et de consommation,     c'est un     esprit qui s'invente tous les jours. Pour que la ville reste vivante, un souffle est  nécessaire. Ce souffle ne peut naître que  du partage des imaginaires entre  les individus, entre  les groupes. Sans  cela la ville se réduit à des flux  d’images à  consommer, à des clichés, elle se ratatine et risque de se  diviser en tribus méfiantes, potentiellement  hostiles.

COMMENT  FAIRE ?

Les gens ont des choses à dire, c’est à partir de ce qui reste vivant dans  leurs mémoires qu’ on peut imaginer du nouveau. Ils sont capables de rêver leur villeparce que son histoire est faite de leurs histoires et leur mémoire en garde une trace qui n’est jamais ordinaire. Ils peuvent dire la beauté qu’ils y trouvent, le plaisir qu'ils ont à y vivre au présent, raconter leurs bonheurs, l’extra-ordinaire qui fait   que la vie mérite d’être vécue. Ils peuvent dire  aussi ce qui enlaidit Marseille, ce qui la pollue,  ce qui fait désespérer de cette ville parfois.

Si une ville pour exister au vrai sens du terme doit travailler à tisser son propre imaginaire, il   faut constituer ce que je propose d’appeler des  mini-laboratoires de l’imaginaire  au sein desquels  des artistes  relèvent le défi d’aller au-devant des gens, de les solliciter et de créer, à partir de leurs propositions, idées, rêves …,   une  autre ville, meilleure, plus attirante.