Poétique(s) du numérique 2, Les territoires de l’art et le numérique.

Poétique(s) du numérique 2, Les territoires de l’art et le numérique, ouvrage collectif sous la direction de Franck Cormerais, éditions l’Entretemps, 2013.

 

 

Cette édition fait suite au colloque 1 dont les actes furent déjà publiés aux éditions l’Entretemps en 2008, et dont les thèses sont reprises et développées ici, proposant par ce terme une poiesis, ou des arts de dire et arts de faire de l’époque des technologies numériques, ces derniers s’inscrivant « entre art, industrie et design des existences ». Ces conceptions ouvrent une nouvelle approche des arts, de leur mode de fabrication et de circulation, et des relations entre art et société. « Que peut l’art ? » est interrogé et « rafraichi » au regard d’une autre pensée de la pratique artistique, mais aussi d’une nouvelle organologie des articulations entre théorie et pratique. Franck Cormerais appelle ainsi à la nécessité manifeste de la recherche et de l’expérimentation dans ces champs, tout autant qu’à la reconstitution d’un espace public de l’art instaurant une nouvelle relation entre art et public, et un nouveau statut ou rôle (un troisième terme ?) qui serait la figure de l’amateur, soutenue ailleurs par le philosophe Bernard Stiegler.

Cette reconfiguration amènerait, face au désœuvrement actuel, un « enœuvrement », reposant, selon Cormerais, « à travers la poétique du numérique, la problématique simple mais pourtant décisive de la transformation de l’artiste, de l’œuvre et du public en régime numérique » pour retrouver « un agencement entre art et vie ».

La problématique de ce deuxième colloque « Les territoires de l’art et le numérique : quels imaginaires ? » appréhende ces changements à travers une réflexion collective plurisdisciplinaire, mais néanmoins concentrée sur les enjeux territoriaux tels que redéfinis ici par la dimension imaginaire et en prise avec les dimensions territoriales et planétaires qui s’entremêlent indubitablement, avec complexité.

 

Les nouveaux médias, autour de l’Internet, redistribuent les médiations entre les parties et le tout et bousculent les frontières de l’art. Ces  médias forment un champ d’exploration pour les transformations liées à l’avènement d’une écriture hypermédia. Les réseaux numériques, de leur côté, redistribuent aussi les relations entre le langage, les corps et les objets. Les mutations  contemporaines n’imposent-elles pas une redéfinition des territoires de l’art ? Dans le même temps,  les territoires ne permettent-ils pas un nouveau maillage de l’espace parcouru, et une manière nouvelle de parcourir les lieux ? Loin du retour à un “art social”, faut-il condamner des initiatives locales, des solidarités nouvelles, des lieux virtuels de création collective permettant de mettre à jour une sensibilité et une expression de l’urbanité contemporaine éclatée ? 

 

Colette Tron, Auteur et critique, Responsable d’Alphabetville

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