Epiphylogénèse

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Epiphylogénèse (les trois mémoires)
 
L’épiphylogénèse est un néologisme forgé par Bernard Stiegler à partir de deux autres termes : la phylogénèse et l’épigénèse. La phylogénèse est la genèse de l’espèce (ou plus généralement du phylum). L’épigénèse désigne aujourd’hui l’ensemble des facteurs de développement de l’individu (ontogénèse) qui ne sont pas génétiques (qui ne sont pas « inscrits » dans l’ADN). L’épiphylogénèse désigne donc les facteurs d’évolution de l’espèce humaine qui ne sont pas génétiques ; cette hominisation est une extériorisation technique qui poursuit la vie par d’autres moyens que la vie.
 
Il y a trois mémoires :
 
1) la mémoire germinale ou génétique (votre génome) ;
 
2) la mémoire somatique ou épigénétique, mémoire nerveuse ou neurologique (les traces de notre vécu dans notre organisme) ;
 
3) la mémoire épiphylogénétique, qui n’est ni génétique, ni somatique, mais qui est constituée par l’ensemble des mnémotechniques nous permettant d’hériter d’un passé qui n’a pourtant pas été vécu.
 
C’est cette troisième mémoire qui nous intéresse car c’est elle qui constitue le propre de l’humanité. Le fait anthropologique (l’origine de l’hominisation) est la constitution d’un milieu épiphylogénétique, c’est-à-dire d’un milieu constitué d’artefacts qui deviennent les supports techniques d’une mémoire s’ajoutant aux deux autres mémoires – qui sont biologiques1.
 
 
1 Sur tous ces points, cf. B. Stiegler, La technique et le temps 1. La Faute d’Epiméthée, Paris, Galilée, 1994.