Je viens de réécouter le débat de Ce soir ou jamais. 

Je suis toujours bluffé par l'aplomb avec lequel Jacques Attali assène ses approximations. Au cours du débat sur le plateau de Frédéric Taddéi Le monde qu'on nous annonce pour demain avec Marc Abeles, Alain Caille, Joël de Rosnay et Bernard Stiegler, il a affirmé ' "pour le plaisir de la conversation" - que « le contenu énergétique de la production baisse à très grande vitesse », et qu'une machine à laver consomme 50 fois moins d'électricité qu'il y a trente ans.

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Ce n'est évidemment pas faux mais ce n'est pas pertinent car cela ne change rien sur le fond.

Pour le plaisir de la conversation, nous nous permettons de ne pas être d'accord avec lui.

Au début de l'année dernière, l'Ademe, Agence française pour la maîtrise de l'énergie s'inquiétait de constater que la consommation d'électricité des ménages français avait en 2006 augmenté de 2 % alors que les performances énergétiques de la plupart des appareils électroménagers se sont sensiblement améliorées.

Cette évolution est due à deux phénomènes :

    d'une part, l'accroissement du nombre d'appareils électroménagers présents dans chaque foyer souvent en plusieurs exemplaires : produits bruns (TV, magnétoscope, Hi-Fi, décodeurs, téléphonie, ordinateurs.) et petits équipements électroménagers (fers à repasser, aspirateurs.) représentent aujourd'hui plus de 20 % des consommations d'électricité du secteur résidentiel ;

    d'autre part, les gains obtenus dans les appareils électroménagers sont complètement annihilés par les gaspillages d'énergie produits par les appareils de type "box" et la gourmandises de certains autres tels les écrans plats, surtout les écrans plasma .Ils consomment jusqu'à trois fois plus d'électricité que les modèles d'ancienne génération, à tube cathodique dont la production est entrain de s'arrêter.

 Deux mois et demi de production d'un réacteur nucléaire ! : voilà l'électricité qu'engloutissent chaque année les modems haut débit des Français, selon une étude exclusive de l'INC.  Pour la première fois, l'Institut  National de <'xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" />la Consommation  a en effet mesuré la quantité d'énergie dont ont besoin les « box » (Freebox, Livebox.) que fournissent les opérateurs haut débit  à leurs abonnés et qui leur permettent d'accéder à la fois à l'Internet rapide, au téléphone illimité et à la télévision par ADSL. En matière de consommation électrique, « leurs performances  sont d'un autre âge », estime Benjamin Douriez, ingénieur à l'INC.

(L'étude est consultable en ligne uniquement : http://www.60millions-mag.com/page/bases.15_zoom.4_articles.32_adsl___les_box_au_banc_d_essai./)

Et les gadgets voraces en électricité, il en arrive régulièrement sur le marché. Plus de 12 millions de cadres photos de ce type ont été vendus en 2007.

Elargissons un peu.

En Inde, pays cher à Attali, mais aussi au Nigéria, pour assurer le développement de la téléphonie mobile, on fait appel aux agrocarburants 'avec les risques que cela comporte pour l'alimentation des populations ' pour remplacer le diesel dans l'alimentation en énergie des relais de téléphonie.

Elargissons encore un peu ' pour le plaisir de la conversation

Pour produire un ordinateur de 24 kg, il faut 240 kg de carbutants fossiles, 22 kg de produits chimiques et 1500 litres d'eau.

Dire qu'il n'y a pas d'enjeu de ressources naturelles autour des technologies de l'information est une plaisanterie. Elles sont même sources de conflits armés. Comme l'illustre l'exemple du Coltan, un composant du téléphone mobile qui a fait au Congo trois millions de victimes pour le contrôle du minerai dont il est extrait.

Bernard Umbrecht

bernard.umbrecht at free.fr