Les besoins des formateurs

Publié par aferro le 18 Mai, 2006 - 00:08
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C'est assez surprenant ce qui se passe dans la formation professionnelle, cette année.

Pendant plusieurs années la formation de formateurs aux TIC et à la formation à distance sur le net a été anecdotique.
Du saupoudrage, dont j'ai parfois été la "poudre" (parfois aux yeux, vu les nombreuses expérimentations sans suite auxquelles j'ai dû institutionnellement participer).

Et là, deux événements me font penser que peut-être il y a quelque chose qui bouge.. Que les organismes de formation et les formateurs sentent bien qu'il n'est plus possible d'ignorer la distance en pédagogie, ni l'utilisation des outils du web. Qu'il y a urgence à intégrer des compétences nouvelles.. qu'il n'est plus possible pour les formateurs de ne pas utiliser ces outils maintenant très grand public.

Deux événements donc...

Le premier.

Je dois intervenir le 23 mai, à la demande du Carif du Languedoc-Roussillon. pour animer une demi-journée de sensibilisation aux nouveaux outils du web que j'ai intitulée :
"La mise à distance en formation : les nouveaux outils, les nouvelles pratiques. La révolution du « low-tech » web."

Je demande donc qui est le public, et combien de personnes sont prévues. L'on me dit : des formateurs, des responsabes d'organismes de formation. Une vingtaine.

Parfait, je me dis que je vais préparer une demi-journée avec un peu d'interactivité de groupe, même si 20 c'est déjà limite. Sauf que, les jours passant, l'on m'informe qu'il y a beaucoup beaucoup d'attente sur ce sujet et que on risque de dépasser les 50 personnes !

Adieu ma première hypothèse d'animation, il me faudra penser grand groupe, sans transformer néanmoins cette demi-journées en mégaconférence de trois heures. Cet "enthousiasme" me suprprend, par rapport à la tiedeur de la demande de formation de formateurs, que j'ai vécu jusqu'ici.

Deuxième événement.
Je rencontre aujourd'hui un ami, qui travaille chez mon ex employeurs. Pour la petite histoire j'ai quitté en fin 2004 cet employeur après avoir tourné en rond et pendant plus d'un an, faute de contrats. Et aujourd'hui '
Et cet ami me dit : "ça va très bien, de plus en plus de journées consultant vendues pour la mise en place d'actions de formation de formateurs dans les institutions et entreprises.

Oui décidement l'attente est là, et plus que l'attente, la perception qu'il faut se former, que l'on a déjà trop tardé.

Tout baigne donc ' Pas si sûr.
La question sur  "à quoi se former" reste ouverte.
La logique de mise en ligne de contenus reste, malgré plusieurs études qui en démontrent les risques d'échec, reste la demande prioritaire. C'est aussi la demande qui rassure car  il s'agit encore et toujours d'une écriture linéaire, sous contrôle de l'enseignant.

Hors, l'émergence d'une mémoire collective sur le web, les outils de syndication et de recherche,  sont en train de faire exploser cette pensée linéaire de la transmission des savoirs. De plus, les organisations entrepreneuriales sont en demande croissante de compétences collectives, de formations intégrées au processus de production. L'idée d'un processus d'in-formation tout au long d travail se fait jour.

Alors, si les formateurs veulent aujourd'hui se former, il me semble que beaucoup reste à faire pour leur faire comprendre que le métier ne sera jamais plus le même, et que ce n'est pas juste une question d'outils technique de création et diffusion de LEUR savoir.
En tout cas, pas en formation professionnelle. Pour ceux qui ne veulent voir "qu'une seule tête", ou des têtes "bien remplies" (par Internet ou pas), il reste toujours une carrrière dans la formation initiale.... (les expériences reportées par les université numérique et leur gabegie notoire sur les programme de création de contenus en ligne en témoigne). Mais jusqu'à quand ceci restera possible, face aux demandes d'une société en mutation '

Adrien Ferro

Président de Novantura