L?Etat c?est moi?. Non, c?est moi ! Non c?est moi? moi? moi !

Publié par aferro le 15 Juin, 2006 - 07:27
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Aujourd'hui,surpris par une « Chronique d'une mort annoncée »  http://devlinux1.algora.org/qui ne vous aura pas échappée et dont, pour des raisons hautement subjectives,je ne discuterai pas ici, je souhaite aborder la question de la régionalisationdu dispositif de la formation professionnelle.

 

Initiéeà partir du rapport Perissol de juin 2003 (à télécharger ici : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/034000602/index.shtml)elle avance à grand pas.

 

Ellenous invite à BIEN DIFFERENCIER ce qui relève de la politique de l'emploi, duressort de l'État - et ce qui relève de la politique de la formation - duressort de la région !

 

Lerapport Perissol, nous dit à ce propos :

 

"Encharge de la préparation à l'emploi et à la formation, l'Etat conserverait  une gamme d'outils mobilisables en fonctionde la situation de l'emploi

L'Etatdoit conserver, dans le cadre de sa responsabilité générale de la politique del'emploi, des marges de man'uvre suffisantes pour faire face à une dégradationdu marché du travail et du chômage. "

 

Ils'agirait donc pour l'Etat de conserver la main mise sur des politiquesconjoncturelles, se réduire à une espèce d'Etat-pompier en quelque sorte. Unegouvernance au sens cybernétique du terme (le mot cybernétique vient du greckubernêtikê, de kubernan; cf. gouverner qui désigne « la science dugouvernement ». Kubernan = Le pilote du navire).

 

Unenavigation à vue donc, au gouvernail, le long des côtes' au plus près' de quoijustement '

 

Malgréles hosannas chantés ici et là, certains par opportunisme et népotisme local,d'autres par une véritable confiance dans la modernisation du dispositif deformation finalement « de terrain, plus individualisé, hors des mainssclérosées de l'Etat », la question de savoir à qui / quoi / comment celava profiter à la dynamique générale du pays reste néanmoins ouverte.

 

Commentpouvoir en effet faire  l'articulation serréeentre politiques de formation et d'emploi, si grandement nécessaire dans unesociété voulant valoriser l'économie de la connaissance '

 

Commentinscrire cette articulation dans une dynamique européenne et dans la« stratégie de Lisbonne » ' (Mais croyons-nous encore à unestratégie européenne, ou sommes-nous dans la stratégie du plus grand repli ')

 

Sidécidément la gestion du dispositif de formation doit être au plus près desbesoins, ces besoins ne peuvent pas uniquement être décidés ni résoluslocalement.

 

Laformation ouverte et à distance, notamment, peut et doit s'exprimer au delà desfrontières régionales.
Les besoins d'emploi tertiaire et intellectuel d'une région peuvent bénéficier (onpeut rêver !) de centres de télétravail d'une autre. Dans tous les cas defigure, plus un métier se « tertiarise », moins le service doit êtrecrée à proximité du lieu où il est fourni.
Articuler emploi et formation relève de plus en plus en même temps d'unearticulation entre proximité et distance, notamment à travers les TIC.

 

Lapuissance publique a encore un rôle capital à jouer.

 

Desdispositifs nationaux devraient garantir un équilibrage entre régions riches etrégions pauvres et également favoriser la mise en place de dispositifsinterrégionaux.

 

Descahiers des charges nationaux et des mesures de contrôle nous semblentégalement nécessaires autour des pratiques de modernisation de la formation,avec des aides spécifiques pour les régions moins bien loties en instancesd'animation et d'accompagnement spécifiques.

 

L'Etatne peut pas se dispenser de sa mission de régulation en amont (et ne pas seulementen aval !) et il doit se donner les moyens pour le faire.

Concrètement,il a encore besoin d'une mission d'observation et de conseil sur les enjeux etles pratiques de la société cognitive pour savoir comment intervenir en régionet lisser les inégalités qu'inévitablement la régionalisation ne manquera pasde créer.

 

C'estceci que j'appelle une politique publique d'Etat : honorer ses fonctionsrégaliennes, au nom de l'égalité de tous les citoyens face au savoir, à laformation et à l'emploi, et ne pas céder aux confortables démons dudésengagement' moyennant finances.

Adrien Ferro  13 juin 2006


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