Conférences de Bernard Stiegler à Aix-en-Provence et Marseille

 


le 16 décembre 2014 à Aix-en-Provence : "Vers un art de l'hypercontrôle"

le 17 décembre 2014 à Marseille : "La désintégration"

 

- Vers un art de l’hypercontrôle

Le 16 décembre à 18h30 à la Cité du Livre à Aix-en-Provence

Proposé par Alphabetville, l’Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence, Ars industrialis

en partenariat avec la Cité du Livre/ Ville d’Aix-en-Provence

« Montrant en 1990 que les sociétés disciplinaires analysées par Michel Foucault sont devenues des sociétés de contrôle et de modulation – contrôle et modulation exercés par les médias de masse, et singulièrement la télévision, Gilles Deleuze, dans un dialogue avec Serge Daney, faisait cependant l’hypothèse de la possibilité d’un « art du contrôle ».

S’il est vrai que les technologies numériques, et en particulier, telles qu’elles révèlent l’immensité des problèmes qu’elles posent avec les « big data », constituent l’âge d’un hypercontrôle – dans des sociétés devenues hyperindustrielles (et non postindustrielles) – , un art de l’hypercontrôle est-il concevable et souhaitable ?»

(…)

« Un « art du contrôle » tel que Deleuze l’envisage, et de « l’hypercontrôle » tel que je tente de le décrire, cela n’est pas autosuffisant – sauf à entendre et à faire entendre ou réentendre ars dans art : comme dans les grandes époques de l’inventivité artistique et spirituelle, un « art de l’hypercontrôle » est indissociable d’une inventivité juridique, philosophique, scientifique, politique et économique.

La question d’un tel art est celle d’une thérapeutique – dont l’art est un élément premier, évidemment inaugural, mais intrinsèquement insuffisant, et qui doit inventer avec toutes les autres formes de savoirs, notamment les savoirs techno-logiques qui rendent possibles les savoirs théoriques, formant, concevant et inventant ainsi l’ars d’une pharmacologie positive. »

Bernard Stiegler,

extraits du texte « Ars et inventions organologiques dans les sociétés de l’hypercontrôle »

à paraître

commande d’Alphabetville dans le cadre de la résidence Zanzibar/e-topie/MP2013

Bernard Stiegler développe l’idée que nous sommes entrés dans l’époque de l’hypercontrôle, rendue possible par les technologies numériques, les systèmes de big data, de traces et autres automatismes, omniprésents dans les développements et applications technologiques « hyperindustriels ». Dispositifs qui nous suivent autant qu’ils nous guident dans nos comportements, et qui constituent selon lui un processus de désintégration sociale.

Selon un fil historique et conceptuel, nous serons amenés à comprendre les éléments du contrôle et de la surveillance : tels qu’ils ont été pensés et utilisés depuis William Burroughs, l’écrivain américain chez qui Gilles Deleuze avait trouvé la récurrence du terme de contrôle, et à partir duquel il conceptualisa la formule de « société de contrôle », cela en passant par les écrits de Foucault et sa description des dispositifs de surveillance. Bernard Stiegler décrira les « sociétés de l’hypercontrôle » et l’automatisation généralisée, tout en posant le défi d’un « art de l’hypercontrôle » comme thérapeutique, ou « pharmacologie positive ».

Cette conférence se situe en ouverture d’un programme de recherche théorique et pédagogique à venir sous la direction de Bernard Stiegler, avec Alphabetville et l’ESA Aix-en-Provence.

Informations : http://www.alphabetville.org/rubrique.php3?id_rubrique=46

Ou 0495049623

Entrée libre

Réservation conseillée : alphabetville@orange.fr

Lieu

Amphithéâtre de la Verrière

Cité du Livre

8/10, rue des Allumettes

13098 Aix-en-Provence

- La désintégration

Le 17 décembre à 18h30 au Théâtre du Merlan, scène nationale de Marseille

Organisé par Planète Emergences avec Ars industrialis dans le cadre du festival Marseille retrouve le nord

« Nous entrons dans l’âge des sociétés automatiques basées en particulier sur le développement des réseaux sociaux et de ce que l’on appelle à présent les big data. Les techniques de profilage utilisateur, mises en œuvre par exemple par Amazon, se combinent avec les « effets de réseau » qu’exploite le social engineering, avec l’interactivité qui fait que les moteurs de recherche de plus en plus souvent nous prennent de vitesse et nous mène là où ne voulions pas aller, et avec le calcul intensif sur les données massives qui instillent en « temps lumière »  des phénomènes mimétiques à l’échelle planétaires, tout en prétendant « prédire » tous les comportements par les statistiques

probabilistes et se substituer à la décision consciente et délibérée – publique aussi bien que privée. (…)

Cette conférence, qui décrira cet état de fait, a pour but de donner une autre perspective sur les réseaux, capable de constituer un nouvel état de droit à l’époque de l’écriture numérique réticulaire et de l’automatisation généralisée, qui sera aussi l’époque de la fin de l’emploi. »

Suivie d’une table ronde avec :

Franck Cormerais, philosophe, enseignant en Information et Communication à l’Université de Bordeaux 3, membre du C.A d’Ars industrialis ; Patrick Braouezec, président de la communauté d’agglomération Plaine Commune ; Martine Vassal, élue déléguée aux relations internationales et européennes de la Ville de Marseille, présidente déléguée de la Commission “Développement économique et emploi” de la CU Marseille Provence Métropole (sous réserve) ; Colette Tron, critique, directrice artistique d’Alphabetville/Friche Belle de Mai, membre du C.A d’Ars industrialis ; Christian Rey, directeur du technopôle Marseille - Château Gombert et de Marseille Innovation

Présentée par Gérard Paquet, fondateur de Planète Emergences

Informations : http://planetemergences.org/

Entrée libre

Lieu

Théâtre du Merlan, scène nationale de Marseille

Avenue Raimu

13014 Marseille

Bus 32, 34, 53, 27

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Ces projets accompagnent aussi le développement d’activités d’Ars industrialis, association internationale pour une politique industrielle des technologies de l’esprit présidée par Bernard Stiegler, en région PACA et la création d’un groupe de réflexion local sur le thème Qu’est-ce qu’on fabrique (ensemble) ? :

Sous ce titre et par ce thème, il s'agit de traiter des nouvelles formes d'organisation de la production, tous secteurs confondus, mais à partir des modèles issus de ce qui se fabrique avec les technologies numériques dans le cadre des logiciels libres, des fablabs et de tout type de laboratoire, ainsi que des espaces de fabrication collective, afin d'envisager leur économie. Il s’agirait aussi de faire une analyse « pharmacologique » de l’économie contributive en général – montrant que le contributif peut être plus aliénant encore que les dispositifs classiquement tayloristes, fordistes, keynésiens et consuméristes de production et de marketing caractérisés par l’époque des industries culturelles analogiques.

Economie signifie ici avant tout valeur, mais aussi forme d’organisation, et encore économie libidinale. Plus largement, il s’agit d’identifier en quoi les nouvelles fabriques seraient aussi celles de nouvelles organisations sociales, de nouvelles formes relationnelles, d’une culture régénérée… tout comme le désir en tant qu’économie libidinale.