Cahier numéro dix

Publié par fdidion le 8 Octobre, 2012 - 21:11
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Cahier d'euchrèsiologie - 10 -

Octobre 2012

 

 

L'invitation à fonder un jardin est une invitation à fonder un modèle en éprouvette, d'une société entière, dans le temps qui va de sa fondation à sa résolution. On peut participer à un tel jardin avec enthousiasme, comme à une simple activité passionnante, et sans lever les yeux vers son horizon. On peut aussi voir, à l'horizon de cette recherche, l'espoir de trouver une forme de société qui puisse intégrer huit milliards de terriens de la qualité qui est celle des terriens vivant à présent sur terre.

 

Construire une pensée capable de n'intégrer que seulement une partie de cette humanité, c'est prendre parti pour une pensée qui sème la division. Qui sème la division et récolte la guerre. Certains pensent en vivre, nous nous poserons ailleurs la question de ce qui peut être tenté pour les sortir de cette mort. Quant à nous, nous sommes du parti de la paix universelle et perpétuelle, et nous n'approuvons que des moyens justifiés par cette fin. Billancourt n'a plus d'espoir, mais nous pouvons garder l'espoir de ne pas désespérer Emmanuel Kant.

 

Tout ceci pour introduire un seul paragraphe, qui va suivre. L'invitation à fonder un jardin est de nature paradoxale. D'une part elle naît du désir de voir quelqu'un adopter des codes encore inconnus de lui, pour adopter à son contact les usages qu'il voudra faire de ces codes ; d'autre part, dans ces codes même sont inclus des principes au nombre desquels se trouve le principe de non-prosélytisme (cf CE n°4, page 2, -3)- http://arsindustrialis.org/une-d%C3%A9couverte ). Il ne faut pas voir là une contradiction, mais une tension qui est régulièrement source des formes nouvelles dont nous nous sommes mis en quête. Ainsi des pensées qui se forment dans le moment où la graine, le code génétique du jardin est mis en terre.

 

Il semble que rien ne permet de penser plus profondément la chose que la langue parlée par Bernard Stiegler. Ainsi, l'invitation à fonder un jardin, ou à s'associer à un jardin déjà fondé, trouve une excellente expression dans ces mots : « Je te fais l'offre traumatypique de cette pièce de vêtement, de cet aliment, et c., afin d'en entreprendre de façon autonome la production diachronique ». Rien ne peut mieux dire combien une telle expérience est une recherche de sentiers pour sortir de nos investissements hétéronomes dans des productions synchroniques qui sont stéréotypiquement offertes. Mais quelle est la source universelle de l'hétéronomie ici en cause ? Vaste sujet !

 

L'invitation dont il est question ici est toujours énoncée dans un cadre beaucoup plus vaste que celui où s'en est formée la motivation. C'est toujours dans cet inconnu que l'expérience en est à vivre. Expérienciation et non seulement expérimentation.

 

 

 

Traumatypique : qui pose problème ou qui pose questions, excite la conscience. Excède le fond pré-individuel passé et appelle l'invention d'un fond pré-individuel pour le futur.

 

Stéréotypique : automatique, inconscient.

 

Synchronique : qui imite ce qui est déjà, conforme à l'ordre englobant.

 

Diachronique : enrichit d'une étrangeté l'ordre englobant.

 

Autonome : révèle une puissance. La puissance de celui qui veut et qui fait.

 

Hétéronome : agi par un pouvoir, prolétarisé, réduit à être le rouage d'une machine.