Certes, la série n’est pas illicite mais elle est "irresponsable sur le plan éthique et pédagogique".Ce jugement sévère est celui que porte la Commission allemande de protection des mineurs dans les médias sur la nouvelle émission de télévision Adultes à l’essai (Erwachsen auf Probe).

Voici quels sont les ingrédients de cette soupe documentaire : prenez des couples de jeunes gens de 15-16 à 18-19 ans, enfermez-les dans un appartement, prêtez leur des bébés de 9 à 14 mois et observez ce qu’il se passe. Il faut évidemment secouer tout cela pour obtenir des moments de tension dramatique que vous montez ensuite en documentaire à diffuser en feuilleton. Cela s’appelle Adultes à l’essai.

Tout cela nécessite un prétexte social quand bien même il ne serait que faux semblant. Dans ce cas-ci, le projet de « test social de maturité » s’appuie sur le nombre de mineures enceintes pour permettre de prétendre contribuer à régler un problème de société.

L’idéal pour faire sérieux est évidemment que la BBC ait déjà fait ce genre d’émission, ce qui est le cas.

Il faut bien sûr prendre un maximum de précautions : les parents surveillent leur progéniture grâce à un système de vidéosurveillance et il ne manque ni le médecin ni l’infirmière, ni le psychologue. L’opération  être juridiquement inattaquable : une cinquantaine de plaignants a essayé de faire valoir auprès du tribunal la maltraitance fait aux enfants. Elle a été déboutée.

Et pour mettre du piment, il faut s’arranger pour faire crier au scandale dans les medias avant le démarrage de l’émission

Il est intéressant de constater comment un organisme tel que la Commission de protection des mineurs démonte le mécanisme de l’émission. Dans son communiqué, on relève :

Le prétexte pédagogique dont se sert RTL n’est qu’un alibi pour exploiter les difficultés que rencontrent de jeunes protagonistes inexpérimentés face à des bébés en pleurs, de petits enfants malheureux avec l’intention de fabriquer des effets dramaturgiques à des fins de distraction. On en a délibérément demandé de trop à ces couples adolescents pour les pousser à commettre des erreurs dans leurs comportements envers les enfants. Les parents et les éducateurs n’interviennent que lorsque le nourrisson se trouve dans une situation dangereuse. Mais on ne peut accepter que le critère de sécurité soit d’empêcher qu’un bébé tombe de la table à langer. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas gravement en danger qu’un enfant se porte bien. 

La Commission s’en prend aussi au travail de relation avec la presse qui a précédé la diffusion de l’émission : 

la station a délibérément fait croire, faussement, que les bébés avaient été confiés pendant quatre jours d’affilée aux candidats sans contact avec les parents. Elle savait que de telles annonces allaient inévitablement provoquer des réactions de protestation de la part de nombreuses personnes et associations .