Xénophobie d'Etat


Le modèle industriel consumériste - qui est devenu massivement toxique – repose désormais sur l’exploitation des pulsions : il convoque et provoque les mécanismes et les automatismes psychologiques les plus primaires.

 

Cette situation que dominent le marketing et l’audimat a installé au cœur de la vie économique un modèle de “croissance” fondé sur une organisation industrielle du populisme. Cette forme nouvelle du populisme progresse partout dans le monde avec la mondialisation – celle-ci se concrétisant essentiellement, pour le moment, par l’expansion planétaire du modèle consumériste. Ce populisme industriel, directement lié à la financiarisation du capitalisme, c’est à dire au désinvestissement spéculatif, désintègre les structures et institutions sociales et démocratiques : il les court-circuite et détruit l’autorité symbolique – et en particulier la famille, l’école, les fondements constitutionnels et les organes délibératifs.

 

La vie politique s’en trouve radicalement bouleversée. Les forces politiques se montrent tentées d'utiliser non seulement les moyens du populisme industriel, la télécratie, la manipulation des sondages, mais aussi la passivité, l'aigreur, le ressentiment, et la mauvaise conscience qui caractérisent l'état d'esprit consumériste. Depuis longtemps déjà certains s'y essaient au sein des partis officiels rejoignant ainsi les extrêmistes et les nostalgiques des pires expériences politiques qui ensanglantèrent le XXè siècle.

 

Cet été, en France, le populisme politique, qui a toujours pour principe de faire passer les victimes pour des bourreaux, a franchi un cap d’une gravité exceptionnelle. Le Président de la République française, en prônant le 30 juillet dernier la possibilité de déchoir des Français “d’origine étrangère” de leur nationalité, a fondamentalement remis en cause la Constitution dont il est en principe - et avant toute autre obligation- le garant. Simultanément une campagne haineuse et délétère est engagée contre des hommes, des femmes et des enfants, victimes historiques du populisme et des totalitarismes nazi et de Vichy, pourtant aujourd'hui citoyens européens ou français: les Roms et les gens du voyage. En manipulant médiatiquement les phobies anti-étrangers, Nicolas Sarkozy n'hésite pas à proposer aux esprits les plus égarés de s'identifier à lui dans une nouvelle transgression de la loi constitutionnelle et des lois du souvenir commun.

 

Nous informons nos adhérents et nos lecteurs qu’une manifestation contre la xénophobie d'état aura lieu le 4 septembre prochain place de la République, à Paris, à partir de 14h30.

 

Nous les invitons à prendre connaissance des textes où Olivier Duhamel, Edwy Plenel et Pierre Cornu ont analysé cet état de fait en contradiction avec le droit, et qui sont accessibles sur le site Médiapart par les liens suivants :

 

http://www.mediapart.fr/node/88697
http://arsindustrialis.org/sarkozy-contre-la-republique-un-president-hor...

http://arsindustrialis.org/le-discours-de-grenoble-point-de-non-retour-d...


L'équipe d'Ars Industrialis
 

Manifestation du 4 septembre 2010

 

En juin 2006, j'avais écrit un article dans la Revue n° 3 d'Insistance, intitulé "le nécessaire jardin secret" et dans lequel je disais (pardonnez-moi de me citer) : 

 

.../...

 

N’oublions pas que ces procédés “tout sécuritaires” viennent installer la frayeur et c’est bien la frayeur qui sidère la pensée. 

Dans ce climat de frayeur ainsi instaurée, on ne pense plus. C’est vraiment une attaque de la pensée et la pensée, c’est ce qui constitue l’humain, c’est donc une attaque dirigée contre l’Humanité. 

Alors telle que vous me voyez devant vous aujourdh’ui, j’entre en résistance et j’affirme solennellement que si ces implants deviennent bientôt obligatoires, je refuserai de me faire “implantée”. Je ne serai pas réduite à un numéro même si c’est le numérique qui a remplacé l’encre bleue.

 

.../...

 

Ce matin, aux infos de France Culture, j'ai appris que le fichier Oscar serait plus qu'envisagé pour identifier numériquement les Roms et éviter ainsi je cite "qu'ils ne fassent des allers et retours pour bénéficier plusieurs fois de l'aide de 300 € prévue pour leur retour"... 

 

Alors des questions cruciales se posent aujourd'hui

 

-  Jusqu'à quand allons-nous laisser notre démocratie se déliter mesure après mesure ? 

- Quelle construction politique, qu'elle soit européenne ou mondiale (mon idéal perso) pouvons-nous espérer à partir de matériaux démocratiques plus que vérolés ? 

- Quelle crédibilité avons-nous, aurons-nous, lorsque nous voudrons défendre les droits humains dans des pays où les régimes totalitaires sont, eux, affichés en tant que tels ? 

- Allons-nous attendre d'être tous "pucés" (les justifications sécuritaires ou de santé ne manqueront pas) pour dire NON

 

Alors, OUI, je serai personnellement à la manifestation du 4 septembre prochain, à pied, à cheval ou en fauteuil roulant si nécessaire... 

 

Mitchélée 

le 31 août 2010 - 10:10 am

ROMS

L 'être humain a droit au respect absolu. Mais l'être humain ne mérite le respect que s'il se comporte dignement. Un être humain qui s'avilit n'est pas digne d'être respectée et donc non respectable. Il mérite sanction.

Le non respect de la loi d'un pays est l'expulsion. La fraude à une prime exige la sécurisation du versement de cette prime. Il faut être "tordu d'esprit" pour ne pas comprendre ce qu'un animal connaît.

Instructifs, inquiétants,

Instructifs, inquiétants, lucides, les textes de Bernard Stiegler, Edwy Plenel, Olivier Duhamel ajoutent de l'inquiétude à mon inquiétude déjà grande quant à l'avenir du régime capitaliste mondialisé (a-t-il d’ailleurs un avenir ? ou alors mortifère, déjà moribond puisque autodestructeur). Non que je regretterais sa disparition en tant que machine schizophrénique parfaitement bien huilée mais dans la mesure où mon inquiétude concerne ce qui se dessine en terme de transition entre cet absurde régime meurtrier et autre chose. Cet autre chose a tendance à prendre des formes diaboliques, chaotiques, étant données les visages inhumains que prend cet entre-deux, cette période de transition, qui s'accélère dans une sorte de sauve-qui-peut, période que nous vivons, dénoncée par les philosophes et autres penseurs dont je vient de lire les textes. Nous sommes alors sur l’entre-deux, le pont de singe arrimé de part et d’autre du gouffre. Bien des vies ne tiennent plus qu’à ce fil. La sélection naturelle fait son travail génocidaire ; toutes les deux secondes, un africain meurt de faim, du SIDA ou de la guerre. La douleur est inhérente à cette transition car ce régime est un régime de fou. Le fou, le capital, le profit, la croissance, le pit-bull de la planète ne lâche pas sa proie, il préfère crever en grognant, les crocs serrés, et entraîner dans sa mort ceux-là mêmes qu’il prétend défendre contre l’injustice et l’insécurité.
En lisant les textes sur le site Ars Industrialis, je repense à l'intention qui m'a fait écrire mon roman "Régime sec" et l'intention qui me pousse à poursuivre mon combat avec la seule arme à ma disposition, la littérature, intention visible je crois dans le texte "Qu'est mon néant" de manière peut-être encore plus explicite. Une intention politique bien sûr. Poético-politique. Car je suis, comme des milliers de personnes, très inquiet, non pas de ce qui se prépare, mais de ce qui est. Si créer, c'est résister comme le disait si bien notre cher Gilles Deleuze, et à sa suite Miguel Bennassayag et bien d'autres encore, c'est en l'occurrence, aujourd'hui, non pas résister mollement à ce qui pourrait être et perdre son temps dans des considérations anticipatoires afin de faire l'économie d'une action hautement justifiée par notre présent au profit d'un discours intellectuel vaguement colérique comme le fait toute la gauche bourgeoise sans bannir aucun discours sécuritaire très opportuniste et forcément électoraliste, mais en l'occurrence résister à ce qui est, au présent. La pensée du présent, au présent, contre le présent liberticide, pour un présent émancipatoire, cette pensée est forcément révolutionnaire. Elle exige un constat non romantique de la situation.
J'ai la douloureuse impression que le régime sarkoziste nous précipite dans un passage sans issue vers les sociétés de contrôle absolu déjà décrites par Foucault, contrôles qui existent déjà tout autour de nous, suffisamment invisibles pour que nous ne nous en effrayions mais suffisamment constatables pour que les esprits lucides s'en émeuvent intensément. Passage sans issue vers, voilà un joli paradoxe, parlons plutôt d'un passage qui n'ouvre que sur une seule et unique issue sous forme d’impasse : le chaos gentiment décoré des attributs du libéralisme le plus meurtrier. Ce n'est pas une issue, c'est un gouffre. La société française fut au bord de ce gouffre pendant trente ans ; maintenant, nous sommes dedans, à patauger dans les énoncés xénophobes, les lois puantes, la barbarie chartérisée, le mensonge d’Etat comme unique règle de fonctionnement, les modèles de lâcheté, de mépris, de truanderie organisée, la vulgarité pornographique des spectacles gouvernementaux, le vomi des divertissements télévisuels, les bruits de bottes remplacés par des bruits doucereux de mocassins vernis sur les estrades théâtrales des discours présidentiels, les masques, les injures, les faux conflits d’idées, les objectifs électoraux, les retournements de veste, les représentations faussées, la bonne santé des entreprises du luxe, et l’insondable bêtise du pouvoir. Et, toujours, du nord au sud, de l’est à l’ouest, toutes les deux secondes, sans un bruit…
Cela fait des décennies que les capitalistes ont du sang sur les mains. Nous sommes dans le mur. Celui de la honte. Il s'agit maintenant de prendre nos pioches pour le détruire et les déclarations du régime actuel nous y encouragent.
C'est ce que je fais et ce que je continuerai à faire en signant des pétitions, en allant manifester, en utilisant la scène du théâtre comme lieu de poésie-politique de résistance et en écrivant des livres. J'aimerais faire plus ou faire mieux, apporter d'autres pierres à l'édifice. Il n'y a plus à espérer en pleurnichant des lendemains qui chantent mais à agir dans le présent. Quant aux peuples, quant à l'Etat, Nietzsche a déjà tout dit, n'est-ce pas ? Le monstre froid est là, il respire, suce nos moelles, tue les peuples.
Si Rimbaud avait raison de crier que la main à plume vaut la main à charrue, alors il s'agit aujourd'hui d'utiliser la plume ou la charrue à bon escient : comme des lance-pierres. Existe-t-il une Intifada pacifique ? Celle des pauvres et des insoumis ? Et si, lucidement, dans un esprit de fraternité indissoluble, les peuples, ou ce qu’il en reste, prenaient conscience que le véritable pouvoir, celui de vivre la joie de vivre, c’est le pouvoir de leur propre nombre ? Nous sommes tous des Palestiniens.
Mais j'ai, aussi, du mal à lutter contre un sentiment qu'éprouvent nombre d'artistes, de philosophes et de scientifiques : nos recherches, nos découvertes, nos créations ont-elles assez de forces pour dévier le cours des choses ? L'Art est-il une puissance ? Je ne crois pas. L’Art et les artistes ont une petite santé. Fragiles, inquiets, parce qu’ils voient ce qu’il y a derrière le mur. Le capitalisme est une puissance. Mais l'Art ? L'Art a-t-il jamais empêché les catastrophes ? Non. Jamais. Il y a simplement des Primo Levi, des Antonin Artaud qui hurlent. Ils sont nos remparts contre la bêtise. Prendre leur suite et hurler plus fort ? Voilà notre travail. Ainsi peut-être la barbarie reculera devant nos boucliers de plumes.
Quelle autre solution que d'être ensembles ?

Olivier Bordaçarre (écrivain)
 

Incohérence

Et rien sur les retraites ? On est pourtant en plein dans l'économie comme soin... Si vous, Ars Industrialis, commencez à informer vos lecteurs de la tenue de manifestations à caractère sociétal (quelqu'en soit le bien-fondé) mais restez muets sur un enjeu de société comme la préservation du système de retraites par répartition qui est un autre pilier du vivre-ensemble, on peut s'interroger sur la façon dont vous hiérarchisez vos priorités. J'ignore s'il s'agit d'un "oubli" ou bien si votre silence traduit une règle de "non-intervention" que vous vous seriez fixée sur des questions ne relevant pas de votre "compétence", ce que je pourrais à la limite accepter si vous vous absteniez également sur la xénophobie d'"Etat". Si dernier s'inscrit dans le cadre du populisme industriel que vous dénoncez, la question des retraites quant à elle se rattache directement à la problématique du soin entre les générations et mériterait la même attention. Il est vrai que cela impliquerait une prise de position autrement plus "risquée" pour une association qui bien que marquée politiquement cherche à se ménager une marge de manoeuvre pour faire entendre son message "au-delà des clivages", mais n'y aurait-il pas quelque lâcheté à s'en dispenser ?

Mon intention n'est pas d'opposer bêtement le social et le sociétal, j'ai d'ailleurs lu avec intérêt Bernard Stiegler sur la fausse opposition entre critique sociale et critique artiste. C'est précisément pourquoi rien ne justifie cette différence de traitement.

Bien cordialement.

suite au commentaire de Benjamin

Bonjour Benjamin, 

En effet, le sociétal et le social ne sont absolument pas antinomiques.

Je soutenais moi-même le mouvement de grève d'hier et je cherche d'ailleurs à rencontrer des responsables syndicaux pour leur "souffler" de nouvelles idées pour obtenir gain de cause et non pas, comme à chaque fois une pseudo-promesse largement véhiculée médiatiquement mais sans aucun effet concret (ou si peu, quelques miettes, de quoi en effet être sceptique)...   Je pense qu'il faut réfléchir à de nouvelles façons pour faire infléchir des politiques qui brillent par leur "surdité assourdissante"...

C'est bien d'écrire pour attirer l'attention d'une action comme nous le faisons tous mais, et si je peux me permettre une remarque, il me semble que ce qui est dommage et je crois dommageable, c'est d'opposer les actions. Elles ont toutes leur légitimité et il me semble que nous ne devons pas utiliser notre énergie à les opposer. Ces oppositions sont les interstices dans lesquels s'engouffrent les stratèges de la politique.

Les luttes vont être de plus en plus nombreuses, dans des champs multiples et il faudra être présents partout. Comme par exemple avec les "soignants" aussi qui lancent régulièrement des appels pour une psychiatrie humaine... Ainsi, le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire (prochain meeting le 25 septembre pour discuter d'un projet de loi, véritable "imposture, illusion et régression" cf article de Michaël et Jacqueline Guyader)...

Il faudra faire montre d'ubiquité... citoyenne...

Cela va nous demander de l'énergie, de l'opiniâtreté, de l'exigence et de la solidarité.

Heureusement, aujourd'hui il pleut, et un ami disait souvent que "l'imagination est un pays où il pleut !"...

Bonne journée,

Mitchélée 

répondre à Olivier Bordaçarre

Nous semblons assister à la fin d'une civilisation, mieux encore : une pulsion collective de l'espèce humaine, nous pousse dans l'abîme. Notre autodestruction était programmée de longue date. Nos tendances à la recherche, l'investigation du monde environnant nous conduisaient à l'extrême. Aujourd'hui, la mondialisation est la règle. Lorsque Rome chûtait, lorsque l'Empire espagnol du Nouveau Monde craquait, ce n'était qu'une part de l'humanité qui coulait. Ici et maintenant, c'est l'humanité tout entière qui est concernée. C'est vrai. Nos pulsions d'humains sapiens sapiens nous fourvoient. Il faudra attendre que l'évolution ait mis bas de générations d'humains sapiens puissance dix (au moins) pour prétendre résister. Nous, résistants, nous sommes aussi porteurs de ces tendances suicidaires. Nous ne faisons qu'accompagner la déchéance de notre espèce de nos gesticulations. Nous avions un confort. Nous pouvions nous dire écrivain (n'est-ce pas), musicien ou poète et même ingénieur. Ce qui veut dire que nous étions porteurs du même orgueil que celui qui rend fous les avides, les cupides, le détrousseurs de l'univers.

Gardons l'humilité comme ultime richesse. Sans renoncer. En faisant confiance à cette force qui anime l'évolution : la vie.

Il y en aura d'autres des vies, des tentatives pour en sortir, se glisser entre les embûches. Qu'a fait la vie lorsqu'elle a rencontré l'oxygène la première fois? Elle s'est adaptée. Sans l'homme, il n'existait pas encore. D'ailleurs, il n'existera pas toujours.

Tel qu'il est aujourd'hui en tous cas, si imparfait qu'il se présente à nous, si minable quoique se croyant généreux.

Le Ki

Bonjour et bravo à Ars industrialis. Je vous suis de loin depuis 2 ans et plein de choses me parlent, m'interpellent, m'aide à construire ma propre pensée critique. Justement ces derniers mois je m'intéresse au concept japonais du "Ki". Je pense que c'est une piste extrement féconde à investir.

un extrait d"un article à lire ici:

http://www.tsubakijournal.com/article-18833205.html

"Lorsqu'on cherche une explication du ki en japonais on trouve souvent un parallèle avec le spiritus du latin, le pneuma du grec, le prana du sanskrit ou le ruah de l'hébreu. Mais au Japon le ki est un concept de la vie quotidienne qui est vécu comme une évidence. Omniprésent il est insaisissable et échappe aux définitions.
Dans la vie quotidienne un japonais emploiera le mot ki seul ou dans des dizaines d'expressions communes tout au long de ses journées. On a par exemple tenki (天気), le ki du ciel, qui désigne le climat, la météo; genki(元気), le ki d'origine donc la santé; byoki (病気), le ki malade, la maladie; kimochi(気持ち), la présence de ki, qui signifie le sentiment; ki wo tsukeru (気を付ける), mettre du ki, donc faire attention… Et la liste continue utilisant le ki dans toutes les situations de la vie courante."

Merci encore et tous à la manif demain!!

(Retour à la lutte des classes)

Antonin, 33 ans, Paris

Interrogations critiques

D'origine étrangère mais naturalisée française, ayant exercé la fonction de psychanalyste pendant un certain nombre d'années, je me suis accordée le luxe d'interroger... TOUTES les idées et croyances qui se présentent à moi, dans la mesure, bien entendu où je puisse trouver une place, une perspective pour percevoir nos inévitables préjugés (et le miens aussi, bien entendu). Toutes, quelle que soit leur origine.

Je ne vois pas à l'heure actuelle pourquoi nos pulsions sont "primaires", ni pourquoi ce jugement de VALEUR doit emporter mon adhésion. Cela ne fait pas de moi quelqu'un qui applaudit de manière inconditionnelle la décharge de ces pulsions, mais je crains que notre société industrielle ASEPTISEE a beaucoup fait déjà pour faire taire ces pulsions. La vie pulsionnelle est AUSSI la vie, et une vie VIVANTE à mon avis. Je me demande si notre corps social ne réagit pas dans la décharge, contre... des siècles de glorification de "la raison", RIEN que la raison, et ses corollaires.. le raisonnable (beurk..) et le "réalisme" (double beurk). Perso, je préfère l'idéal d'une "raison" intriquée à l'émotion, pas à une idéalisation sous forme EXCLUSIVE de ou bien/ ou bien. La copule "ET" a du mal à se faire entendre de nos jours dans une société de l'exclusion.  

Pour le populisme industriel intriqué NECESSAIREMENT au capitalisme financier, là je crois que Tocqueville avait déjà perçu dans le modèle démocratique américain l'étouffante uniformisation Procrustienne où pouvait mener la tyrannie de la majorité, et ceci à une époque où le capitalisme financier globalisé était encore un rêve de l'avenir. 

Pour des raisons complexes, je n'idéalise pas outre mesure la "démocratie" comme organisation politique, surtout sous sa forme républicaine. Je crois que la sagesse doit nous mener à la conclusion évidente que tous les avantages ont leurs inconvénients, et l'inverse. Nous n'avons pas encore commencé à nous offrir le luxe de nous interroger sur les inconvénients de la "démocratie", et cet aveuglement nous fait du tort.

Cet été j'ai eu l'immense plaisir d'assister à une excellente représentation et mise en scène d'"Oedipe Roi" de Sophocle. Incroyable à quel point un homme bien avant la naissance de Jésus Christ avait perçu jusqu'où menait la folie du CONTROLE moïque qui caractérise notre société à l'heure actuelle. La pièce reste d'une actualité sidérante POUR NOTRE EPOQUE 2500 ans après.

Quelques interrogations critiques

Française immigrée, ayant exercé dans le temps la fonction de psychanalyste, je m'offre actuellement le luxe d'interroger TOUTES les idées/idéologies qui se présentent à moi, dans la mesure où je peux trouver la perspective nécessaire pour apercevoir mes préjugés, et ceux d'autrui.

Je ne vois pas en quoi nos pulsions sont primaires (premiers, oui, mais pas primaires, ce qui implique un jugement de valeur négatif). Notre corps social est engagé dans des voies qui visent notre dématérialisation croissante, et organise l'asepsie de notre quotidien fait de belles machines rutilantes et ronronnantes. Un peu de pulsionnel.. ça sert aussi à résister à ce rouleau compresseur, même s'il n'est pas très CONFORTABLE pour nous de nous souvenir que nous sommes DES CORPS AUSSI. Cette résistance des pulsions, serait-elle une réaction... salutaire à des générations d'idolâtrie de... la "raison", rien que la raison, couplé à la disqualification de nos sentiments et émotions, taxés d'"irrationnel" ? Pour ma part, je préfère une "raison" pas trop raisonnable et certainement pas "réaliste", intriquée à l'affectif, et s'appuyant sur le corps.

Pour le grand mal qui nous tombe dessus (...), je crois qu'il est naïf de voir au seul oeuvre, le capitalisme financier. Tocqueville avait fait son diagnostic perspicace de l'endroit où conduit... la tyrannie de la majorité bien avant que notre capitalisme boursier mondialisé soit de ce monde. Une idolâtrie naïve de la "démocratie" qui oublie la sagesse humaine de "chaque avantage s'accompagne de son inconvénient et l'inverse" évacue le fait que la structure idéologique même de la démocratie privilégie le contrôle latérale par l'uniformisation des esprits (entendons, une démarche fondamentalement totalitaire...) au détriment du contrôle hiérarchique qui permet d'établir une autorité légitime quelconque. Chaque idéal contient en germe sa propre perversion qui se déploie au fur et à mesure que cet idéal s'incarne, et se réalise dans nos sociétés. La "démocratie" ? Elle n'est pas une exception à cette règle.

Cet été j'ai eu l'énorme privilège d'assister à une excellente représentation d'"Oedipe Roi" de Sophocle. J'ai pu encore remercier Sigmund d'avoir sorti cette pièce du placard, même si je crois qu'il est passé à côté de la manière dont elle dévoile la structure de notre monde moderne avec une acuité stupéfiante pour un auteur qui a vécu il y a 2500 ans. Et oui... Sophocle expose où conduit la passion d'avoir raison, de dévoiler et SAVOIR l'origine, et d'exercer un contrôle moïque TOTALITAIRE dans l'existence d'un homme ET d'une civilisation : elle conduit à l'extinction de toute vie vivante. Et.. sans qu'on parle du tout, du tout de capitalisme financier...

L'économie a toujours reposée

L'économie a toujours reposée sur les pulsions depuis la nuit des temps.

Le drame actuel est que l'on a perdu de vue que l'homme se compose de 3 grandes composantes: le corps, l'intellect et le coeur. Ce n'est pas le corps et ses satisfactions qui est à satisfaire en premier, mais un équilibre du coeur et de l'esprit.

trop facile d'accuser l'état quand l'individu est responsable ! Toujours chercher la cause à l'extérieur ! C'est dans sa psyché que l'homme trouve la solution à sa condition humaine