Réunion de travail sur les communs, en vue de la journée de travail du 30 janvier au TGP de Saint Denis.

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COMMUNS ET NOUVELLE PUISSANCE PUBLIQUE

 

Séance de travail du 14 Janvier à l’IRI de 14h30 à 17h30

en  vue de la journée d’étude  au TGP de St  Denis le 30 Janvier de 10h. à 18h.

 

Tout en  regrettant les absences par empêchements de dernière  minute de Benjamin  Coriat et Frédéric Sultan, nous  avons eu néanmoins des  échanges de vue approfondis après  l'exposé  deCarlo Vercellone en particulier  sur  ce qui caractérise les  communs , leurs  enjeux et le  retour des Communs et leur  dynamique aujourd'hui face aux excès d'un capitalisme spéculatif et prédateur,  ainsi que sur leur articulation avec la logique du public  et du privé suscitant des stratégies d'hybridation. 

Carlo Vercellone : extraits ; voir l’intégralité indexation  vidéo : 9’30 à 42’30 

 Le  Commun diffère de l’Etat  et  du marché 

Il  est  une  construction  sociale , un  processus  collectif , lequel nous ramène aux  modes  d’origination  du travail et un  tout  cohérent  en tant  que mode de production. 

Les  communs impliquent des  formes  d’autogouvernement et d’open source , excluant toute  forme de droits exclusifs ,  tout en étant des formes  de constitutions  hybrides .

Il  y  aurait une  longue  histoire à  étudier sur le  principe des Communs, lequel a joué très  longtemps un  rôle  prédominant dans l’organisation des  sociétés.

Il  faut  aussi nous  rappeler depuis  l’avènement  du  capitalisme industriel du XIXème  siècle , le  rôle des Mutuelles et des mesures  prises de protection  sociale.  

Nous  avons  besoin d’une Puissance  Publique « partenaire » 

Ce  qui  explique le retour des  communs  aujourd’hui :

1° la contestation du fordisme  et de ses dérivés , laquelle s’est  exprimée  à partir des années  70 par les radios-libres  et par la révolution  informationnelle

2° la  contradiction  du capital de par  l’avènement de l’économie de la  connaissance et des  dynamiques engendrées :  

- rencontre de l’intelligence  collective avec  les TIC 

- le développement des secteurs de la santé et de l’éducation en dehors  du marché 

tout en  engendrant des résistances telles  que : 

1° les privatisations  du welfare

2° les entraves que constitue le droit »propriétaire » en  vue de créer de la rareté face à une  économie de l’abondance 

3° l’accélération  des logiques de prédation  et  de privatisation des ressources naturelles

L’Economie des Communs peut  désormais  s’appuyer sur : 

1° le logiciel libre et les technologies telles  que  l’imprimante 3D

2° le développement des pratiques des principes des communs , par exemple en Italie  et  ailleurs 

3° les liens  étroits avec la  crise écologique  et les  communs traditionnels

Il y a  à  développer des stratégies de rencontres  et  d’hybridation ,  comme  cela  se réalise  en  Equateur. 

 

Bernard Stiegler – cf. en grande partie indexation vidéo 46’à 1h.09 - s'est largement  étendu sur l'importance de l'articulation Bottom-up /Top Down  et sur le rôle à cet  effet de la Puissance  Publique pour  produire  de la verticalité  dans  le cadre de l'émergence de  communs,  ainsi  que sur celui  du  rôle des juristes pour la nécessaire évolution  vers  un  droit en termes  de "droits  distribués", - tels qu'ils  sont en  particulier bien analysés dans  votre livre Le retour de Communs , mais  aussi avec les analyses de Alain  Supiot  sur le droit  du travail  et le  droit  au revenu  et celles d'Antoinette Rouvroy en  matière  de  gouvernance  algorithmique.
Les  principales fonctions de la  Puissance  publique devraient être  de :
- organiser cette verticalité, à  réaliser par  chaque territoire en  fonction de ses choix et à l’échelle appropriée selon les  sujets
- garantir cette verticalité  fondée  sur ce droit et son libre accès afin d'éviter les processus d'appropriation Top-down trop  souvent occultés à des  fins de prédation.
- être partenaire - selon l'expression de Michel  Bauwens -  pour la définition  et la  construction de  communs, la définition  du  champ  contributif produisant de la négentropie à telle  ou telle activité , l'hébergement de espaces de savoirs partagés et de capacitation

Thomas Petit (UNSA) -  voir vidéo 1h.27 à 1h.40 -  a beaucoup insisté  sur  l'importance de définir sur ce  que  l'on veut valoriser sur la base de critères  hors  marché, - cf.  France  Stratégie : Plateforme Responsabilité  sociale de l'entreprise  -, ce  qui nécessite de nouveaux  indicateurs et une  réforme de la  comptabilité prenant en  compte  les  externalités sur la base d'expérimentations locales.

Nous avons eu aussi des échanges  de vue  sur les questions de la contribution et  en particulier  sur ce  qui  différencie  le revenu de base inconditionnel du  revenu de  contribution  conditionnel et  sur la  question  du  droit à un  revenu :
- le revenu de base doit être inconditionnel et un  revenu bien au-delà  du RSA présent car il n'est nullement un  revenu  d'assistance , mais  un  droit  au  revenu, du  fait de la prise  en  compte de fonctions  de la bio-économie sous  divers formes de contributivités non  contractuelles  et des tendances présentes à ce que le travailleur quelque  soit  son statut assume l'essentiel des risques économiques. 
- le revenu de  contribution doit être conditionnel, et être la  résultante d'une  ambition politique au-delà d'une  politique de justice sociale sur la base des caractéristiques suivantes :
a) il produit de la singularité non  standarisable , ni  automatisable produisant de la valeur négentropique, 
b) il produit  de la capacitation partageable  et  collective et donc de l'activité
c) il produit une  nouvelle  organisation  du travail basé sur des systèmes techniques "ouverts" dont le  système présent de l'intermittence dans  son principe peut être un  exemple   
Il a été  remarqué que ces questions du  revenu de base  et  du  revenu inconditionnel émergent  dans les  discours des  édiles politiques à la suite,  entre  autres, des recommandations  du rapport du CNN "Travail, emploi numérique, Les  nouvelles trajectoires" tout en  étant conscients des dérives possibles quant à la  réorganisation des transferts sociaux.  

Il a été souligné la nécessité de développer  une  analyse de l'économie  politique  industrielle productrice de savoirs,  en prenant l'exemple de la cobotisation produisant de la  singularité  et de l'intermittence et celle de l'extension du  régime des intermittents dans  le cadre  du développement des activités  sur la base d'une  économie  de projets dont Mathieu Grégoire  nous   a montré récemment à l'IRI que nous  avons des possibilités de financement. 

Pour la  concrétisation de l'économie des  communs, les propositions de Michel Bauwens et de la p2p Foundation nous  semblent très intéressantes

Basées sur ses analyses quant  aux  pratiques locales, elles ont  l'ambition de  constituer des  communs  avec  l’aide d’un  « Etat partenaire » ce que nous  appelons  Nouvelle  Puisssance  Publique , et au niveau global , ce que Ars  Industrialis entend  comme constitution de l'Internation - et au niveau local

Ces propositions sont constitutives d’analyses macroéconomiques et  sociales de ce qu’il faudra définir en tant  que  politiques  du capital  socialisé régulé, de la  gouvernance de l'entreprise, de son  statut et de la distribution des revenus engendrés, de nouveaux droits de propriété  et de revenus  ainsi que de modes d’hybridation en matière  d’agencements entre les Communs, la contribution et le marché qui n’aient plus de caractères entropiques et totalement prédateurs.   .  

 

Il s'agira le 30 janvier de dégager des principes constitutifs de l'accélération des communs et  du  contributif et si possible de cerner en  quoi les communs et le contributif se différencient et se complémentent