Confluence ou Lugdunologie

Publié par gfrancois le 12 Decembre, 2008 - 18:48

 Abrégé de Lugdunologie.

 

(Lugdunum, nom de Lyon à l’époque romaine, du Gaulois Lugd.)

«QUI NE GAGNE PAS N’EST PAS LYONNAIS» affichait, il y a quelques jours, un grand calicot au fronton de l’Hôtel de Ville, au lendemain d’une Victoire de l’OL. Formulée comme une sentence, énoncée comme un problème de logique, boursouflée et agressive, cette assertion m’ est apparue comme mal seoir à la« réserve lyonnaise» d’autant que son ostentation ravalait un symbole au rang de support publicitaire. Fallait-il, sans doute, faire la part du chauvinisme qui affecte les fans du foot, ici, comme ailleurs. Dans la bouche de Guignol le slogan aurait eu sans doute un autre sens, mais l’Hôtel de Ville n’est pas un castelet. Et puis, comment peut-on « être ou ne pas être Lyonnais» ? !
Étonné, choqué, je n’étais capable de répondre que par le recours au légendaire, au proverbial ; je me référais à « Lyon, la distante, la retenue, la discrète… » c’est à dire à ces clichés véhiculés de bouches confidentes en oreilles complaisantes, d’almanachs en cartes postales, de générations en générations, qui résistent plus au temps que la brume fameuse à la disparition des losnes , aussi installés que le saucisson de cette bonne ville et le troisième fleuve de sa région. Je restais dans le domaine des idées reçues, des poncifs, sans aller au-delà, sans essayer de creuser pour atteindre à leur travers quelque archétype ou mythe fondateur, un noyau dur. il fallait que je trouve une autre méthode pour découvrir à cette ville une Propriété première, susceptible d’expliquer sa Singularité (pas question ici d’Identité dont la quête me paraît aussi vaine que ridicule).
Il m’est apparu. à la réflexîon, “que la question se posait en terme d’écologie et non de généalogie” l’ écologie se définissant comme le système de relations avec un milieu naturel et social. L’insularité, l’enclavement, l’ adossement génèrent repli et immobilisme.
Une cité c’est un site légué par l’histoire géologique, tellurique. Lyon.c’est d’abord le confluent du Rhône et de la Saône, celui-là ouvrant à l’est, celle-cî au nord et à l’ouest et les deux réunis au Sud vers la Méditérranée~ Les fleuves s’incrémentent d’affluents qui sont autant de voies de communication par les brèches, les couloirs qu’ils creusent dans le relief. Les migrations, les déplacements de Populations, des tribus, des guerriers, des marchands… sont favorisés par cette ouverture éminemment cardinale. Le confluent est un carrefour, lieu de rencontre et d’ échange, les langages, les langues, les cultures suivent les mêmes chemins.
II semble qu’un des mots clés de notre cité pourrait être: confluence, des hommes, des choses, des mots et des idées. Cette métaphore n’est pas nouvelle, elle fait partie, de ces clichés précédemment stigmatisés, mais la confluence est souvent confondue avec la convergence. La convergence se cartograpbie, elle se pointe à une intersection de lignes, point de ralliement, objectif, but .Toutes les routes (de la croyance) mènent à Rome; toutes les routes de la monarchie absolue et de la République jacobine conduisent à Paris.
II ne s’agit pas de baguenauder, malheur aux hérétiques, aux jacques ou aux dilettantes qui empruntent les voies de la convergence. La convergence est affaire d’itinéraire et de mobilisation, de guerres et de pèlerinages. il y a du pouvoir au bout. Le chemin de Saint-Jacques est balisé, les manifs vers la Bastille ou la Nation sont encadrées. La confluence est tout autre, même si vue de Sirius elle est perçue comme une convergence. Tout change en ce lieu de passage. Elle n’est pas un terme, elle est phénomène en soi, des plus complexes, nous apprend la physique des fluides. Elle échappe aux outils de calculs les plus élaborés, à la schématisation. La confluence c’est le lieu, mouvant et flou, de toutes les rencontres, des courants, des affluences, des influences, des compositions, des flux et des reflux. de la turbulence, du brassage, des infiltrations, des résurgences, des percolations, des vortex, des malstroms, des tourbillons… La confluence accède au concept. Lyon, par son site, son histoire géologique, sa longue tradition du passage et de l’échange multiple et divers, a la propriété de confluence qui la singularise. II se manifeste ici une sorte d’esprit du lieu qui imprègne ceux qui, résidants ou passants, sont habités par cette ville. Ce phénomène ne légitime une quelconque identité mais explique son étonnante créativité dans tous les domaines de l’activité humaine.
La confluence se manifeste aussi par de la mousse, de l’écume et des bulles (!!!!!) comme celles qui érigent en emblème un slogan de tee-shirt. Ce faisant, elles deviennent souverain poncif pontifiant qui inscrit au frontispice par une sentence négative et exclusive, la circonscription sphérique du ballon d’une prétendue “lyonnitude”. Hors jeu et carton rouge.

 

Lugdunologie

Précision
-Ce texte date de 2 ou 3 ans ! Ce qui ne change rien à la parabole métaphorique
anti-raciniste! ! ! !

Ce texte est extrait de mon site :"Le percolateur heuristique" "http://w3.lepercolateur.info/