L'Argent.

Publié par dpastor le 22 Novembre, 2011 - 00:51
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L’argent n'existe pas ou si peu. Il est presque totalement virtuel. Cet argent est nommé monnaie scripturale car il est fabriqué à partir d’un jeu d’écritures comptables. Il se nomme ainsi par opposition à cette monnaie palpable que chacun utilise pour acheter une baguette de pain ou un paquet de clopes… Cette monnaie que chacun possède en assez petite quantité se nomme la monnaie fiduciaire parce qu’elle fait l’objet de la confiance publique.

Mais d’où vient le « faux » argent ? Il est fabriqué à partir de la Dette, c'est à dire de toutes les dettes qu'ont les ménages, les Entreprises  et les États lorsqu'ils empruntent. Plus la Dette grandit, plus la Banque (au sens générique du terme) s'enrichit car elle fabrique de la monnaie à partir de la Dette.

Comment ? En se renflouant sur les intérêts qu'elle perçoit lors du remboursement des prêts consentis. Mais comme l'argent des intérêts est lui aussi virtuel, on se rend compte que tout le système monétaire est construit sur du vent. Il peut donc s'effondrer d'un jour à l'autre. Par exemple si tout le monde allait retirer, en même temps, son argent de la Banque ou si tous les emprunteurs cessaient de payer les intérêts des prêts accordés.

En fait, il n'y a que bien peu d'argent dans les coffres de la Banque. En tout cas, pas autant qu'elle en fournit. La Banque ne possède jamais sous forme d'or ou d’argent (le métal argent cette fois) la totalité de ce qu'elle prête. Pourtant, elle a le droit d’accorder des prêts quand on la sollicite.  


A titre d'exemple, une banque qui posséderait un seul euro or dans ses coffres, aurait le droit de le prêter, normalement  jusqu’à  06 fois (il semblerait qu’elle puisse sous certaines conditions le prêter plus encore)... Par le biais des écritures et du paiement des intérêts, elle créée de la monnaie.  Cette création s’appelle la masse monétaire. Cette masse potentielle est de loin la plus importante puisqu’elle représente 90% de l’ensemble de la monnaie, fiduciaire comprise. Les billets et  la monnaie, sont juste censés garantir une certaine quantité de métal précieux servant de référence, d’étalon : l’or.

 

Donc, plus il y a d’emprunteurs, plus il y a de Dette, plus la Banque s'enrichit. A condition que les intérêts soient payés.

 

Mais ce système qui était censé faire fonctionner l’économie tout en enrichissant considérablement ses zélateurs, commence sérieusement à donner des signes d’essoufflement.  L’exemple de Dexia est emblématique. Les intérêts (indexés sur des valeurs très fluctuantes comme le pétrole ou le Franc Suisse), sur les prêts attribués à des entreprises ou à bon nombre d’entités comme des Conseils Régionaux, ont cessé d’être versés. Ils devenaient trop lourds à payer. La notation de Dexia  a été revue à la baisse (eh oui, les banques sont également notées). La situation devenait intenable car les banques empruntent elles aussi et le pourcentage des intérêts qu’elles remboursent peut être fonction de la qualité de la notation.  Entre les mauvaises notes et les intérêts qui ne rentrent plus, exit Dexia. Pourtant ses difficultés remontent à plusieurs années déjà. En effet, l’alerte fut chaude en 2008. Dexia, en proie à de grosses difficultés liées à sa filiale américaine, elle-même  victime de la « crise des subprimes »,  obtenait une aide salutaire de la France et  de la Belgique. Le sauvetage se montait à plus de 06 milliards d’euros. Sans aucune contrepartie bien sûr.  La banque s’est restructurée, les dirigeants de Dexia s’en sont mis plein les poches et ont accordé des prêts toxiques afin de s’enrichir plus encore. On connait la suite, Dexia est en voie de démantèlement et les Etats français et belge vont remettre la main à la poche. Les banquiers coupent facilement la branche de l’arbre sur laquelle ils sont assis. Une telle connerie confine à la pathologie.

 

Néanmoins, par l’exemple Dexia, on constate à quel point le remboursement des intérêts peut être vital pour une banque, tout comme le sang pour un être vivant…

 

Le portefeuille de Dexia contenant des avoirs toxiques (dont les intérêts sont indexés sur des valeurs pour le moins mouvantes, on l’a vu) sera pris en charge par la Caisse des Dépôts et Consignations. Ce qui ne résoudra sans doute pas le problème des cessations de paiement par des emprunteurs imprudents, maintenant étranglés, mais fera courir de gros risques à la C.D.C.

 

Lorsque les banques commencent à voir leurs propres réserves baisser dangereusement, elles font appel aux Banques Centrales qui leur prêtent de quoi se renflouer afin que les banques commerciales continuent à prêter plusieurs fois ce qu’elles ne possèdent pas. Par contre, les Etats eux, n’ont aucun droit de recourir à l’emprunt en s’adressant aux Banques Centrales. Ce qu’ils faisaient  à un taux défiant toute concurrence puisqu’il était de 0% avant janvier 1973, date de la modification du Code Monétaire et Financier. Ont suivi l'adoption du traité de Maastricht en 1992 et enfin la ratification du Traité de Lisbonne entré en vigueur en décembre 2009. Je livre ici la teneur de l'article 123 du Traité de Lisbonne :

 

Texte de l’article 123 du traité de Lisbonne « Il est interdit à la Banque Centrale Européenne (BCE) et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées « banques centrales nationales », d’accorder des découverts ou tout autre type de crédits aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la BCE ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite. »

 

Ce texte reprend mot pour mot celui de l'article 104 du traité de Maastricht.

 

En 1973 donc, Valéry Giscard-Destaing, ministre de G. Pompidou, réformait le Code monétaire et Financier avec un article qui constituait déjà les prémices d'un authentique hold-up sur les richesses de la France :

 

« Art. L. 141-3. - Il est interdit à la Banque de France d'autoriser des découverts ou d'accorder tout autre type de crédit au Trésor public ou à tout autre organisme ou entreprise publics. L'acquisition directe par la Banque de France de titres de leur dette est également interdite. »

 

La servilité de VGE envers la haute finance a d'ailleurs été bien récompensée puisqu'il a pu s'élever au sommet du pouvoir dès mai 1974.

 

Depuis, les Etats ont  l’obligation de s’adresser uniquement  aux Banques commerciales et empruntent aux taux que l’on connait.

 

Maintenant, examinons le discours de la plupart des politiciens relayé par les grands groupes médiatiques, dont on peut d'ailleurs apprécier l’œuvre de décérébration. Ces gens répètent à l’envi que la crise est notre faute, enfin, pas de la leur. NOTRE faute : celle du peuple bien sûr. Trop de chômeurs : des fainéants. Trop de traîne-misère : des parasites. Trop de malades : des simulateurs et des voleurs… Il nous faut un plan de rigueur. Il faut traquer le chômedu, le malade récidiviste pour les envoyer coûte que coûte au boulot. Il faut débusquer les malades "imaginaires", les sortir de leur lit. Il faut faire disparaitre tous les acquis du Conseil National de la Résistance, le Code du Travail doit cesser d’exister. Les 35 heures et le SMIC doivent être relégués au placard à souvenirs.

 

Cet anathème ressemble à un véritable casus belli.

 

Mais ce que souhaitent par dessus tout nos dirigeants actuels et ceux qui succèderont, c’est simplement complaire aux marchés financiers et ne pas voir baisser la note « AAA » du pays. Pourquoi ? Pour continuer tranquillement d’emprunter aux banques commerciales.

Rien d’autre. Surtout ne pas dénoncer le traité de Lisbonne. Ne pas s’attaquer au mur de l’argent. Ne pas redonner aux banques centrales le rôle qu’elles avaient tenu jusqu'en 1973. Bref, en aucun cas faire preuve de courage politique.

 

Aujourd'hui, le montant de l'addition s'élève à 1.700 000 000 000 d'euros et ça va continuer. Car même si Hollande est élu, il a nettement exprimé le souhait de voir les Etats européens continuer à emprunter aux banques commerciales... En voici la preuve consultable sur Daily Motion : http://www.dailymotion.com/video/xh26ks_francois-hollande-et-la-dette-pu...

 

Tout est donc construit sur un énorme mensonge et sur une totale lâcheté susceptibles de mener à des catastrophes comme les guerres, les pollutions, les famines, les faillites, le chômage de masse. 


L'espoir renaît cependant. Ici et là nombre de personnes improprement nommées les « Indignés » se font entendre dorénavant.  Ces indignés ne se contentent pas de l’être. Ils s’inscrivent dans une action démocratique et sont certainement plus actifs et mobiles intellectuellement que l’ensemble d’une classe politique sclérosée et autiste. Le mouvement enfle et se répand en dépit des médias qui s’évertuent à en ignorer l’existence.

 

Pour en finir, prenez une petite dizaine de minutes pour visionner cette vidéo. Elle explique très bien les choses :

http://www.mrquelquesminutes.fr/#dettepublique_video

Table de multiplication

Bonjour

"...normalement  jusqu’à  06 fois" : un lapsus claviae ? Mais s'il fallait inverser les chiffres, ce serait effrayant.