L’EUROPE QUE NOUS VOULONS

Puissance publique et disruption

Samedi 17 octobre 2015

Théâtre Gérard Philipe - Saint-Denis

Comme vous le savez, Ars Industrialis fut créé il y a dix ans dans le contexte du referendum sur le projet de constitution européenne. La situation de l’Europe s’est terriblement dégradée depuis. Nous voudrions échanger avec vous quant aux conséquences qu’il faut en tirer à présent – ainsi que de ce qui est arrivé à la Grèce depuis le mois de janvier.

Nous nous apprêtons à engager avec la communauté d’agglomération Plaine Commune une coopération à long terme qui s’inscrit dans ce contexte en tant qu’il est surdéterminé par une immense transformation de l’économie industrielle planétaire, et en particulier, comme déploiement d’une société réticulaire fondée sur l’automatisation numérique, qui est d’une nature très différente de celles qui se produisirent au cours de l’histoire industrielle. Nous pensons qu’elle remet fondamentalement en cause l’organisation économique et sociale qui s’était configurée au début des années 1930 à partir des Etats Unis.

Une transition est ainsi engagée, qui ne se limite évidemment pas au domaine de l’énergie. Elle constitue une transformation très profonde de ce que depuis le début du XXIè siècle, on appelle l’Anthropocène.

Nous sommes convaincus que dans cette situation, il faut se saisir de la possibilité que la Constitution française offre aux territoires d’engager des expérimentations. C’est le sens de notre engagement avec Plaine Commune.

Nous soutenons la nécessité de concevoir une économie contributive mettant en œuvre un revenu contributif inspiré par le régime des intermittents du spectacle. Une telle économie doit reposer sur la lutte contre l’augmentation considérable de l’entropie en quoi consiste l’Anthropocène. La valorisation systémique de la néguentropie devrait venir au cœur des négociations qui commenceront autour du changement climatique à la fin du mois de novembre prochain. Ces négociations doivent être l’occasion pour la société européenne comme dans le reste du monde de franchir un cap quant à la définition des questions posées par l’Anthropocène, qui approche de toute évidence un seuil critique.

Quant à l’Europe, un vaste débat s’est engagé à propos du système monétaire en quoi consiste  l’euro qui fut adopté dans le sillage des accords de Maastricht. Il n’y a pas aujourd’hui de doctrine sur cette question au sein d’Ars Industrialis, mais il y a des réflexions et des débats que nous souhaitons partager avec vous.

Au-delà de la question de l’euro, et comme une question que nous considérons être préalable, notre conviction commune, énoncée depuis longtemps, est qu’une nouvelle forme de puissance publique doit être conçue et concrétisée, en particulier en Europe, au cours des prochaines années. Le projet européen doit être repensé dans cette perspective, et il ne redeviendra crédible qu’à cette condition. Et il faut repenser la mission de cette nouvelle puissance publique dans le contexte de ce que l’on appelle la disruption. C’est aussi dans cette perspective que nous coopérons avec Plaine Commune.

La disruption constitue une accélération foudroyante de l’innovation industrielle telle que la puissance publique, dans son organisation actuelle, arrive toujours et nécessairement trop tard.  L’Europe en particulier s’en trouve très gravement pénalisée. Nous ne pensons pas qu’il s’agit là d’une fatalité – d’autant moins que le modèle « disruptif » tel que le pratiquent de nos jours les acteurs planétaires de l’industrie numérique (dont l’ « ubérisation » est devenue l’un des noms) n’est ni soutenable pour l’environnement, ni solvable au niveau macro-économique, ni acceptable socialement. L’horizon global de cette nouvelle puissance publique doit être conçu à partir du concept d’internation, autour duquel nous avons déjà échangé, et sur lequel nous voudrions revenir.

Enfin, nous mettons en place une nouvelle organisation de nos travaux, fondée sur le concept de coopératives de savoir, et dont nous souhaitons vous entretenir, ainsi que des thématiques que nous vourions y aborder plus spécifiquement au cours des prochains mois.

Les séances d’Ars indsutrlis sont ouvertes à tous : invitez-y vos amis et connaissances. Et faites les connaître. Merci de nous faire savoir votre venue afin que nous puissions gérer au mieux les palces disponibles.

Bien cordialement,

Le conseil d’administration d’Ars Industrialis.