Industries de programme contre institutions de programme

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Industries de programme contre institutions de programme :

la mise en danger de l'attention et du désir d'apprendre

 

Conférence faite le 2 mai au lycée Dupuy de Lôme (Brest)

 

 

Introduction.

 

     Si j'ai accepté la proposition que m'a faite Madame Pasgrimaud de vous exposer quelques réflexions sur les problèmes nouveaux auxquels nous avons à faire face en tant qu'enseignants, c'est essentiellement pour trois raisons.

     D'abord, certains d'entre vous qui avaient assisté aux deux précédentes conférences que j'avais organisées fin janvier et début avril sont venus m'encourager à poursuivre cette initiative.

     Ensuite, ceux d'entre vous qui ont lu ou entendu à la radio le philosophe avec lequel je travaille depuis plusieurs années, Bernard Stiegler, sont parfois venu me dire à quel point ses analyses étaient éclairantes pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui dans le nouveau capitalisme. Je rappellerai pourquoi il faut parler de nouveau capitalisme, et je me concentrerai bien sûr aujourd'hui sur la question des conséquences de ce nouveau capitalisme sur ce qui se passe à l'école. Je m'appuierai pour cela sur le dernier livre de Stiegler, intitulé Prendre soin de la jeunesse et des générations, chez Flammarion.

     Enfin, la dernière raison pour laquelle j'ai accepté de parler aujourd'hui est que certains faits récents sont venus confirmer le bien-fondé de mon engagement auprès de Bernard Stiegler et de l'association qu'il a créée pour mobiliser la société civile, association nommée Ars industrialis, et plus spécialement de mon engagement sur la question de l'éducation, qui pour moi est une question centrale en philosophie politique. Parmi ces faits récents qui m'incitent à croire en mon engagement, je n'en prendrai que deux en exemples.

     Premier fait : certains membres du personnel administratif du lycée m'ont confié être de plus en plus désarmés face à des propos et des exigences de parents d'élèves, propos et exigences que l'on peut bien qualifier de délirants parce qu'ils sont ceux de purs consommateurs irresponsables s'adressant à une école qu'ils prennent pour un prestataire de services.

     Second fait : nous étions réunis pour un conseil de classe de Terminale, et abordions le cas d'une élève dont la moyenne générale était de 7. C'est alors que la déléguée des parents d'élèves nous a demandé vertement comment nous avions pu laissé passer en Terminale cette élève, dont la moyenne n'était déjà que de 8 en classe de Première. Cette même mère d'élève avait, un quart d'heure avant, déploré violemment le désengagement total des autres parents d'élèves du lycée, qui s'étaient présentés au nombre de trois seulement à une réunion générale des parents d'élèves.

 

 

 

Faux débat et vraie question sur l'école.

 

 

     Je ne me consacrerai pas ici à l'analyse de ces deux faits, dont vous voyez tous en quoi le second peut faire sourire, mais dont le caractère préoccupant va ressortir encore plus clairement au terme de la réflexion que je vous propose. En une première étape, je voudrais seulement vous dire en quoi les vrais problèmes et nouveaux problèmes auquels nous avons à faire face en tant qu'enseignants sont dissimulés par un faux débat qui a lieu depuis quelques années à propos de l'école. Ce faux débat, c'est celui qui oppose d'une part le camp de ceux qui proclament la hausse du niveau, et d'autre part le camp de ceux qui proclament la baisse du niveau. Dans le premier camp, celui des optimistes, on trouve bien sûr celui que certains appellent le « pape de la nouvelle pédagogie », Philippe Meirieu. Dans le second camp, celui des pessimistes, on trouve notamment un intellectuel médiatisé qui est un essayiste voulant se faire passer pour un philosophe, Alain Finkelkraut.

     Pour comprendre en quoi il s'agit d'un faux débat et donc d'un malentendu, il suffit de faire un petit rappel historique. En effet, si l'on se souvient qu'il y a seulement  quelques décennies, seuls 40°/° d'une classe d'âge allaient jusqu'au baccalauréat, on doit accorder aux optimistes que le niveau global de la population a inévitablement augmenté. Mais d'un autre côté, si l'on se souvient que l'objectif de 80°/° d'une classe d'âge allant jusqu'au baccalauréat a été approché en 20 ans seulement puisqu'on en est déjà à  70°/° d'une classe d'âge, alors on doit accorder aux pessimistes que, à force de vouloir que l'objectif soit atteint tout de suite, on a plus ou moins consciemment baissé certaines exigences pour tel ou tel niveau d'enseignement, notamment pour les derniers niveaux que sont la Seconde, la Première et la Terminale.

     Les deux camps ont donc raison, selon la question qu'ils se posent. Il y a ici un malentendu entre eux, et dire qu'à la fois le niveau global augmente et le niveau au baccalauréat baisse n'est absolument pas une contradiction, mais tout au plus un paradoxe. Je rappelle en effet ce qu'est un paradoxe : para-doxa signifie étymologiquement « ce qui échappe au sens commun », c'est-à-dire ce que le raisonnement naïf n'est pas capable de comprendre. Autrement dit, le sens commun, que les philosophes nomment aussi parfois « l'opinion », croit voir une contradiction dans ce qui n'est pourtant qu'un paradoxe, c'est-à-dire une association de deux vérités qui ne s'opposent en fait pas, parce qu'elles ne parlent pas exactement de la même chose et peuvent donc être toutes les deux vraies. Venons-en donc maintenant aux vrais et nouveaux problèmes auxquels nous sommes confrontés en tant qu'enseignants.

 

 

 

Petite histoire du capitalisme nouveau.

 

 

     Ici encore, il faut faire un rappel historique, qui nous permettra de comprendre quel est le nouvel et véritable obstacle qui nuit à notre métier d'enseignants. Le grand initiateur de l'Ecole publique en France, qui est bien sûr Jules Ferry, avait à lutter en son temps contre un pouvoir spirituel qui était celui de l'Eglise. Il s'agissait pour lui de créer un dispositif qui permette de former une attention critique et une conscience critique. Il inventa l'école gratuite, laïque et obligatoire. C'était là une façon fidèle d'appliquer les idées issues des Lumières, et notamment de Condorcet en France et du très grand philosophe Kant en Allemagne.

     On pourrait également dire, en utilisant cette fois le vocabulaire du créateur de la psychanalyse, Sigmund Freud, qui était aussi un grand analyste de ce qu'il a appelé l' « illusion » religieuse, qu'il s'agissait pour Jules Ferry de remplacer la sublimation religieuse par une sublimation laïque. Je rappelle que la sublimation est le processus, nécessaire à l'humanité, par lequel nos pulsions se transforment en désirs qui sont porteurs d'une élévation : celle-ci est individuelle, mais elle nourrit le processus de civilisation par le biais de ce que l'on nomme l'éducation de nos enfants, que nous devons en effet, au sens propre comme au figuré, élever. Il y avait donc bien une élévation religieuse, mais celle-ci devenait insuffisante après les découvertes scientifiques de Galilée d'abord, puis de Darwin ensuite : l'homme n'est pas cette « image de Dieu » placée au centre de l'Univers, il n'est qu'un animal supérieur issu du primate et perdu dans un univers infini. La nouvelle sublimation ou élévation laïque pouvait donc remplacer la sublimation religieuse, ce que Bernard Stiegler résume dans son livre en écrivant : « L'autorité devient ainsi celle du savoir fondé sur des règles d'établissement de la vérité qui ne procèdent plus de la révélation, c'est-à-dire d'une forme du roman familial élargie au genre humain » (p. 100 ; c'est moi qui souligne).

     Dans le même temps, c'est-à-dire toujours à l'époque de Jules Ferry, le capitalisme avait pour souci de produire selon des techniques plus efficaces et plus rentables. C'est l'époque du machinisme et de ses dérives, dénoncées aussi bien par Marx en économie politique dans Le Capital que par Chaplin au cinéma, dans Les temps modernes. Bien sûr, la critique marxienne du capitalisme touchait aussi à des aspects plus sociaux et proprement politiques, qui se résument dans la question de la propriété privée des moyens de production. On connaît la théorie communiste inventée par Marx pour renverser cette aliénation économique des travailleurs.

     Mais le capitalisme de l'époque voyait cependant se développer l'Instruction publique obligatoire, et ne connaissait pas encore le problème qui est le nôtre aujourd'hui, et qu'il faut introduire désormais. Que s'est-il en effet passé depuis ' Dans les années qui suivirent la Grande guerre, le capitalisme a eu comme nouveau souci d'écouler les marchandises, et est apparue ainsi la figure du citoyen-consommateur, qui est devenu une cible économique. Il s'agissait donc de créer des besoins, et plus seulement de produire des biens. Or, dans les années 1930-40, le neveu de Freud, qui s'appelait Edward Bernays, a construit la théorie qui est devenue aujourd'hui le marketing, et qui consiste à bâtir des techniques pour capter l'attention et le désir de ces citoyens devenus consommateurs. Les tenants du nouveau capitalisme, c'est-à-dire de ce capitalisme reposant sur la création de besoins, ont alors vu naître l'outil rêvé dont ils avaient l'espoir : la télévision. Celle-ci, qui a connu un essor extraordinairement rapide depuis sa naissance, et qui est désormais dans 97°/° des foyers français, y compris de ceux qui n'ont pas les moyens de se payer certains appareils électro-ménagers de base, possède une efficacité et un impact extraordinaires sur les psychismes des citoyens-consommateurs.

     C'est ce que je voudrais expliquer rapidement maintenant, en m'appuyant pour cela sur les travaux de Stiegler mais aussi de psychologues, et en préparant ainsi ma conclusion sur les conséquences de tout cela à l'école. Afin de bien comprendre ce qui se passe de problématique avec la télévision et plus généralement avec ce que l'on appelle les « industries culturelles », on peut faire une comparaison entre d'une part l'activité de lire un texte, qui est l'activité fondamentale sur laquelle reposait l'école créée par Jules Ferry, et d'autre part l'activité de regarder un film, qui est au contraire l'activité à laquelle les industries culturelles ont désormais habitué les citoyens-consommateurs.

     Lorsque je lis un texte, donc, je lis une pensée ou une parole qui se déroule dans le temps (on appelle cela un objet temporel parce que cet objet ne se donne pas en un seul instant), mais qui justement a été spatialisée par l'écriture, tout comme la partition musicale spatialise le temps de la musique. L'objet temporel est donc devenu spatial, et la lecture que j'en fais va le retemporaliser. L' « appareil » qui permet cette retemporalisation est donc ici mon propre esprit. Ce dernier projette son temps librement, car sans contrôle mécanique, sur le défilement du texte. En outre, cet objet temporel avait été spatialisé par une écriture dont je suis moi-même capable en tant que lecteur.

     Au contraire, lorsque je regarde un film, ce dernier est certes un objet temporel lui aussi spatialisé (bobine de film, cassette ou DVD), mais cet objet temporel est d'une part spatialisé technologiquement par d'autres que moi, et d'autre part il est retemporalisé à nouveau technologiquement, et non pas par mon esprit, dont la temporalité est ainsi court-circuitée. Or, il ne s'agit pas pour autant d'en déduire qu'il y aurait là une fatalité et une nocivité inhérentes aux nouvelles technologies. Il s'agit seulement de comprendre que les technologies actuelles, et l'usage qu'on en fait, nous rendent passifs parce que ces technologies et leur usage ne permettent pas encore à l'esprit de retrouver les activités de spatialisation et de retemporalisation qui étaient les siennes à l'époque de la civilisation de l'écriture ' époque qui, tel est le problème, s'achève auhourd'hui.

     A l'époque de Platon, l'écriture n'était d'ailleurs pas forcément considérée comme un bien : pour Platon, elle nuisait à la mémoire, puisque le texte écrit et conservé est ce qui permet de se passer de mémoriser la parole, et Platon préférait ainsi à l'écriture le dialogue vivant. Mais Platon n'avait pas compris une chose essentielle, qu'aujourd'hui nous avons comprise grâce aux travaux non seulement de Stiegler mais aussi, avant lui, du grand paléo-anthropologue André Leroi-Gourhan : c'est qu'en réalité, depuis 4 millions d'années le développement de l'esprit humain a pour condition une extériorisation de la mémoire, c'est-à-dire la fabrication d'objets qui viennent garder en eux-mêmes les gestes passés dont ils résultent. Lorsque les primates ont commencé à tailler des silex, ils sont entrés dans ce processus d'extériorisation de la mémoire, dont l'écriture n'est qu'une forme plus tardive et plus développée, et une forme pour ainsi dire « à la puissance deux » puisque l'écriture est une mnémo-technique, c'est-à-dire une technique justement créée pour conserver le passé.

     Contrairement donc à ce que pensait Platon, l'écriture, et l'imprimerie qui en a permis ensuite la reproduction mécanisée, ont été les facteurs d'un développement essentiel de l'esprit humain. On peut donc espérer que les nouvelles technologies permettront un jour un nouveau stade de développement de l'esprit humain. Reste qu'en attendant, le lien essentiel de l'homme à la technique est devenu un lien qui nous fragilise et nous expose au vide d'esprit que représente le remplacement de l'écriture par des industries culturelles audio-visuelles tout à fait incontrôlées, ou plutôt contrôlées par la seule loi du court terme : ici, Stiegler fait le lien, dans ses analyses, entre d'une part l'importance acquise par les médias de masse et les industries culturelles, et d'autre part ce que l'on appelle le « capitalisme financier » ou « capitalisme spéculatif », qui nuit à l'investissement parce qu'il ne s'inscrit plus dans le désir et le long terme mais dans la pulsion et le court terme.

 

 

 

Conséquences sur l'éducation.

 

 

     Où nous retrouvons mon propos initial sur la nécessaire sublimation, qui est précisément en danger aujourd'hui si le désir et la motivation sont conduits à régresser au stade de la pulsion. Or, et c'est ici le lieu de conclure en abordant dans une dernière partie les conséquences directes de tout cela sur l'école, mettre en danger le désir comme sublimation, c'est s'attaquer notamment au désir d'apprendre et à l'attention. Et c'est bien ce que nous observons dans nos classes de manière toujours plus nette depuis une dizaine d'années. Des élèves parfois absolument charmants se comportent en esprits zappeurs incapables de se concentrer, et les témoignages éloquents des enseignants sont ici légion. J'entendais par exemple l'autre jour sur France inter un de nos collègues expliquer qu'au terme d'une carrière absolument heureuse, il s'était heurté durant les dernières années à des classes l'obligeant pour la première fois à intervenir sans cesse pour remettre les élèves dans la concentration dont ils étaient devenus à ses yeux manifestement incapables. Ce qui l'a conduit à écrire un livre sur le sujet.

     Il ne faudrait pas croire que toutes ces analyses que j'ai ici simplement évoquées ne sont qu'une belle construction de philosophe. Si Bernard Stiegler est aujourd'hui considéré dans le monde entier comme l'un des plus grands penseurs de notre époque, ce n'est pas seulement en raison de l'extrême richesse et complexité de sa pensée, que je vous ai aujourd'hui exposée en des termes cent fois plus simples que les siens. Non, si Bernard Stiegler a acquis ce statut, c'est aussi en raison de sa capacité à anticiper le devenir de la société. Je ne prendrai ici que deux exemples. Premier exemple : vous savez tous que le PDG de TF1, Patrick Le Lay, a fait scandale en 2004 en déclarant que les programmes de sa chaîne étaient conçus pour, je cite, « libérer du temps de cerveau humain pour les publicités de Coca-Cola ». Or, cet aveu, parfaitement cynique en l'occurence, avait été écrit quasiment mot pour mot, mais sous forme d'avertissement cette fois, par Stiegler quatre ans avant, c'est-à-dire en 2000.

     Deuxième exemple : des études de psychologues viennent d'être faites dans plusieurs pays sur le problème de l'attention ' parce que c'est toujours, malheureusement, lorsqu'une réalité commence à défaillir qu'on s'intéresse enfin à ses conditions de fonctionnement. Or, ces études viennent corroborer les analyses de Stiegler, leurs résultats étant les suivants : d'abord, et ce sont pour l'instant de purs chiffres sur le contexte social, en Europe, selon les pays et les milieux sociaux, entre 1/3 et 2/3 des enfants en bas âge ont désormais la télévision dans leur chambre ' il existe d'ailleurs maintenant une chaîne pour les bébés -, et près de 75°/° dans les milieux défavorisés en Angleterre. Aux Etats-Unis, dès l'âge de trois mois, 40°/° des bébés regardent régulièrement la télévision, des DVD ou des enregistrements vidéo. La proportion passe à 90°/° à partir de deux ans.

     Ensuite, des résultats d'études datant d'il y a un an ont montré que l'exposition des bébés entre un an et trois ans aux programmes de télévision augmente le risque de les voir souffrir de déficit attentionnel lorsqu'ils atteignent sept ans, c'est-à-dire l'âge où justement on doit pouvoir rester assis sur une chaise et écouter le professeur d'école. En fait, il est bien connu que le cerveau du nouveau-né continue à se développer au cours des premières années de la vie et qu'il existe durant cette période une plasticité cérébrale considérable. Et les types et l'intensité des expériences visuelles et auditives précoces ont ainsi une influence profonde sur ce développement des synapses neuronales.

     Or, et je conclurai sur cette remarque, il ne suffit pas de compter sur les parents pour protéger leurs enfants des risques encourus. Car ce que révèle la récente loi sur la récidive des mineurs, récidive désormais punie avec la sévérité s'appliquant aux majeurs, c'est que l'évolution du capitalisme depuis déjà un demi-siècle nous a conduits à une société où les parents, de plus en plus, se déchargent de leur responsabilité d'éducateurs, quitte à laisser désormais la loi juger les mineurs comme on juge des adultes qui se seraient faits eux-mêmes. En effet, traiter les mineurs comme des majeurs, c'est nier la différence entre les générations, et donc confirmer que les parents sont devenus de « grands enfants » qui, comme tels, ne sont plus responsables de ce que font leurs enfants.

     Or, et c'est ici que Freud nous instruit à nouveau : le seul et véritable « remède » à la délinquance n'est ni la répression ni même la prévention seulement sociale, mais ce remède est bien plutôt ce que Freud nomme l'« identification primaire » des tous jeunes enfants à leurs parents, identification qui est en effet la condition du « Surmoi » comme intériorisation de la loi parentale. Mais c'est justement et malheureusement cette identification primaire que les industries culturelles « détournent », dit Stiegler, en captant d'une part l'attention des tous jeunes enfants, et en organisant d'autre part la régression de leurs parents au statut de consommateurs pulsionnels. De ce détournement, la chaîne Canal J a même fait une revendication explicite, que le Conseil National de l'Audiovisuel aurait dû censurer, puisqu'on voit sur une affiche publicitaire un père et un grand-père ridiculisés aux yeux de l'enfant et de la télévision qui est amenée à les remplacer. De la même façon, les institutions de programmes que sont les écoles ont désormais pour concurrentes les industries de programmes que sont les industries culturelles. C'est pourquoi les enseignants sont à la fois les mieux placés pour comprendre ce qui se passe, et les dépositaires d'un message qu'il leur revient de transmettre, pour que les Lumières de Condorcet et de Kant soient aujourd'hui relayées par de nouvelles Lumières plus propres à notre temps.