Hypomnémata

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Hypomnémata
 
 

Les hypomnémata, au sens général, sont les objets engendrés par l’hypomnesis, c’est-à-dire par l’artificialisation et l’extériorisation technique de la mémoire. Les hypomnémata sont les supports artificiels de la mémoire sous toutes leurs formes : de l’os incisé préhistorique au lecteur MP3, en passant par l’écriture de la Bible, l’imprimerie, la photographie, etc.

 

Les hypomnémata au sens strict sont des techniques spécifiquement conçues pour permettre la production et la transmission de la mémoire, ce sont des supports extériorisés de mémoire qui permettent d’élargir notre mémoire nerveuse. Toute individuation est indissociable de ces supports de mémoire extériorisés. La télévision, la radio, internet, en tant que mnémo-technologies ; sont de nouvelles formes d’hypomnémata qui appellent de nouvelles pratiques.

Comprendre l’hypomnèse c’est comprendre que la mémoire (individuelle et sociale) n’est pas seulement dans les cerveaux mais entre eux, dans les artefacts.

 

 

Hypomnemata et écriture de soi. Michel Foucault, réfléchissant aux hypomnemata, compris comme supports de mémoire[1], les pensait comme écriture de soi, comme une modalité de constitution de soi. Sans ces hypomnemata, le risque est grand de sombrer dans l’agitation de l’esprit, c’est à dire dans une instabilité de l’attention, qui empêche l’esprit de se constituer en propre. C’est ce que nous retrouvons dans le zapping d’aujourd’hui. « L’écriture des hypomnemata, écrit Foucault, s’oppose à cet éparpillement en fixant des éléments acquis et en constituant en quelque sorte “du passé’’, vers lequel il est toujours possible de faire retour et retraite »[2].

 


[1] « Les hypomnemata, au sens technique, pouvait être des livres de compte, des registres publics, des carnets individuels servant d’aide-mémoire»  (Foucault, « L’écriture de soi » (1983), dans Dits et écrits, t2, p. 1237)

[2] Ibid. p.1239

 

et "facebook(tm)" ?

après avoir écouté les propos du groupe de travail sur les technologies relationnelles, lorsqu'il s'agissait des pages "facebook" (2ième morceau du débat, je crois, avec les "centaines d'amis"), une ébauche très intéressante de réflexion est apparue sur l'hypothèse que nous pourrions réaliser une hypomneta sur serveur, avec si besoin l'aide d'un logiciel recherchant dans nos données (comme cela a déjà existé avec "altavista" par exemple), pour une production authentique de souvenirs personnels.

un équivalent cinématographique est dans "blade runner" : le passé des néoêtres, produit par aggrégation de souvenirs types. Certains serveurs ne nous poussent-ils pas à suivre des souvenirs types (cf la reflexion sur Skyblog sur le site) ? 

Dans le cas de "facebook", un espace de liberté existe réellement. La preuve en est fournie par la possibilité d'une judiciarisation envers les utlisateurs !

le plus grand problème en fait, est comme pour les humanoïdes de "blade runner", de conserver cette "technique de soi", bien que ne contrôlant pas le serveur.

il faudrait donc "hacker" Facebook" !