Technologies relationnelles

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Technologies relationnelles

 
Les technologies relationnelles désignent l'ensemble des technologies qui non seulement mettent en relation, mais également engramment les relations. A ce titre, les technologies relationnelles sont un moment, contemporain, du processus de grammatisation qui consiste à discrétiser les flux temporels, c'est-à-dire à spatialiser le temps. Après la grammatisation de la parole dans l'écriture, puis du geste dans la machine-outil, les technologies relationnelles grammatisent à présent les relations sociales.
 
Bien que les services de réseaux sociaux (tels Facebook et Twitter, qui sont les plus connus, mais il en existe bien d’autres) soient la manifestation la plus visible des technologies relationnelles, ils n'en sont qu'une partie. Leur milieu technologique est l'internet et le web, qui forment le milieu technologique associé permettant le développement de logiques contributives.
 
Les technologies relationnelles sont avant tout des technologies industrielles de transindividuation : elles produisent de la transindividuation en grammatisant les relations elles-mêmes, et cette grammatisation sur-détermine la constitution les relations des individus qui s’y co-individuent et se socialisent ainsi.
 
Généralement, cette grammatisation, à ce stade de développement des réseaux sociaux et des technologies relationnelles numériques, n’est pas encore un objet d’individuation collective thématisé et critiqué, c’est à dire adopté1 : les technologies relationnelles rendent possibles la constitution d’espaces et de temps relationnels critiques (c’est à dire de circuits de transindividiation critiques2), mais en l’état actuel de leur organisation, ce sont au contraire et en très large part des dispositifs acritiques, le gain engendré par la grammatisation des relations elles-mêmes étant exclusivement mis au service des intérêts commerciaux des entreprises qui exploitent ces réseaux, et à l’encontre des intérêts existentiels de ceux qui forment la réalité de ces réseaux – à savoir leurs membres.
 
Comme tout pharmakon, les technologies relationnelles peuvent tout aussi bien produire des court-circuits dans la transindividuation que des circuits longs. Si le champ de ces technologies est laissé aux seules forces du marché, il en résultera immanquablement un raccourcissement drastique des circuits de transindividuation – induit par la volonté du marché de « monétiser » à très court terme le graphe des relations sociales.
 
C'est la raison pour laquelle une politique d'accompagnement des technologies relationnelles est nécessaire et urgente afin de développer de nouveaux processus de transindividuation et non des courts-circuits de la transindividuation. Cette politique est l'autre nom de la raison sociale d'Ars Industrialis, « association pour une politique industrielle des technologies de l'esprit ». Il s'agit, via cette politique, de mettre en place une véritable écologie relationnelle – laquelle suppose des politiques de territorialisation des technologies relationnelles3, c’est à dire d’agencement de réseaux numériques structurellement constitués par leur amplitude planétaire avec des réseaux locaux et géoréférencés par où les technologies relationnelles réinventent les processus d’indivividuation collective territorialisés.
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